La Normande est la seule Tricolore à avoir remporté sa demi-finale continentale, le 20 avril. Elle n’est plus qu’à une marche du bonheur suprême. Ses coéquipiers, eux, ont connu de mauvaises fortunes parfois improbables.
Commençons par l’impensable. A l’issue de son match contre l’Ukrainien Oleksandr Balabin, Yojerlin César (-75 kg) était déclaré vainqueur sur le fil (3-2). Rien d’anormal à cela car quand bien même la confrontation avait-elle été serrée entre deux pugilistes aux styles comparables, le Lyonnais avait donné l’impression d’en avoir fait un peu plus et un peu mieux pour décrocher la timbale. « L’Ukrainien était rapide et explosif, analyse l’entraîneur national, Mohamed Taleb. Il boxait sur deux ou trois coups avant de ressortir en désaxant. Néanmoins, Yojerlin a su le contenir en restant à distance et en le contrant quand et comme il le fallait tout en veillant à avoir une garde hermétique. Surtout, il a pris l’ascendant au fil de la confrontation, à partir du deuxième round, en étant plus actif et plus précis. » Dont acte. Sauf que la délégation ukrainienne portait réclamation et… obtenait gain de cause dans la soirée ! « Les juges se sont réunis et ont choisi d’inverser le verdict après avoir revisionné le match, raconte Mohamed Taleb. C’est déjà arrivé deux à trois fois au cours de la compétition. Or, là, ce n’est absolument pas justifié. Je ne comprends pas comment on peut revenir sur une décision qui aurait pu pencher d’un côté comme de l’autre, la victoire de Yojerlin étant, dans l’ensemble, méritée. »
Et quand rien ne va, rien ne va pas. En -57 kg, devant l’Allemand Arian Gohar Shenason Esfahani, tout à la fois fuyant et truqueur au point d’être sanctionné d’un avertissement, Marwan Mouflih a été coupable de ne pas « avoir fait étalage de toute sa technique même si je ne le vois pas derrière au regard de la physionomie des débats », dixit Mohamed Taleb. A la clef, un échec frustrant (3-2 préférentiel). Dommage car quand le Berjallien s’est résolu à varier les cibles au lieu de ne viser que le visage et à ne pas tomber dans le jeu de l’Allemand, toujours enclin à s’accrocher, il se montrait le plus précis.
« Maelys Richol a réalisé un très beau parcours »
Quant à Maelys Richol (-66 kg), elle a été victime de ses émotions et de son désir ardent de prendre sa revanche contre la très brouillonne Roumaine Nicoleta Sebe Crinuta Andra qui l’avait dominée lors d’un précédent tournoi international. La Francilienne a eu le tort d’accepter la bagarre à mi-distance alors qu’elle avait les armes et l’allonge pour en découdre de plus loin et être plus tranchante en faisant valoir sa supériorité technique. Il n’empêche, « Maelys a réalisé un très beau parcours, tempère l’entraîneur national. Elle n’est que junior 1 et vient d’être sacrée championne de France. »
L’éclaircie de la journée est donc venue de Kaelya Mopin qui a pris l’ascendant (3-2) sur l’Espagnole Maria Mairena Aragon Luna. Au cours de la reprise, il lui a fallu prendre la mesure d’une adversaire qui avançait sans vraiment chercher à combiner et qui misait surtout sur la puissance de son bras arrière. « Ensuite, Kaelya a davantage su enchaîner et ne pas rester dans l’axe en ayant les mains hautes afin de ne pas s’exposer, commente Mohamed Taleb. Elle a beaucoup été sur les jambes et a eu l’intelligence de refuser d’aller à la guerre, ce qui a eu pour effet de dérégler les plans de l’Ibère qui ne parvenait pas à la cadrer. Kaelya a vraiment réalisé une belle prestation. » Il lui faudra employer la même stratégie pour se parer d’or à l’issue de la finale face à l’Anglaise Lauren Mackie.