Estelle Mossely, show must go on

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Le 17 février, à la salle Wagram, sublime antre chargé d’histoire pugilistique, la Française (11 v) a conservé avec brio son titre IBO des légers en dominant aux points la dure Malawite Anisha Basheel (11 v, 9 d). La suite s’annonce grandiose.

La soirée débutait sur une annonce - « Le show va commencer » - conforme à la teneur qui en avait été annoncée : à savoir, mélanger savamment culture et sport. Tout démarra donc par une représentation au son des djembés, façon carnaval de Rio avec des danseuses en costume d’apparat et une démonstration de capoeira. Premiers à arpenter le ring, Tautua Dauphin, vice-champion de France amateur 2022 des -63,5 kg, vaincu par Lounès Hamraoui, et Christopher Missengue étaient chargés d’allumer la mèche. C’est le second, plus actif et constant dans l’effort, qui l’emportait logiquement, le Polynésien s’étant montré trop attentiste en ne misant que sur la puissance de sa droite.

L’assistance s’offrait une intermède avec un défilé de mode en talons aiguille entre seize cordes avant que Rima Ayadi ne reçoivent la réplique de la vaillante mais limitée Colombienne Yolis Marrugo Franco. S’en suivirent des débats au rythme constant mais menés à sa guise par l’Yvelinoise, plus technique et précise, qui prenait, de surcroît, nettement l’ascendant physiquement dans les ultimes reprises. A la clef, une victoire sans discussion (60-56, 60-56, 60-56).

Djembés, capoeira, Zaho et défilé de mode au programme

Trois chansons entonnées par Zaho pour se remettre de ces émotions et Estelle Mossely faisait son entrée en scène en guest-star, drapée d’un long peignoir rouge majestueux. Des hymnes déclamés à capella et le main event pouvait avoir lieu. Visiblement très en jambes, la Française entamait les hostilités de manière prometteuse. Plus petite et dotée d’une allonge inférieure, elle alternait parfaitement distance - mi-distance. Tout le temps en mouvement dans la mesure où elle tournait sans cesse, elle passait sa droite lourde après avoir débroussaillé le terrain avec son bras avant. Du classique, certes, mais bien exécuté et donc efficace. Anisha Basheel - alias Massacre - comprit qu’il lui fallait passer la surmultipliée et se mettre à avancer, histoire de forcer son destin. Sa stratégie était alors claire : durcir les échanges pour émousser et faire craquer la tenante. Mais cette dernière parvenait à se défaire de ce pressing en étant plus rapide de bras pour toucher avant de désaxer immédiatement en sortie d’échange, quitte à contre-attaquer en mouvement.

Conscience de la force de frappe de la visiteuse, la médaillée d’or olympique de Rio non seulement était vigilante défensivement en levant bien les mains mais était suffisamment mobile du buste pour esquiver à satiété. Les rounds se succédaient et la Malawite ne paraissait pas plus en mesure d’inverser la vapeur quand bien même ne relâchait-elle pas son effort. Se sachant en retard, elle chassait littéralement la Tricolore dans le dernier tiers de la confrontation mais elle était la plupart du temps mise dans le vent. En effet, en dépit d’un ultime baroud d’honneur, la challenger ne réussissait que trop rarement à cadrer la championne virevoltante et insaisissable qui faisait le spectacle en remisant avec autant d’aisance, que ce soit sur un coup ou en séries. Une prestation effrénée et très aboutie, synonyme de succès à l’unanimité des juges (100-90, 99-91, 99-91) et… d’ambitions clairement affichées.

Viser la consécration planétaire en super-légers

« Je me suis sentie super bien. J’avais vraiment envie de boxer, se félicitait l’héroïne du jour. Mon objectif était de frustrer mon adversaire afin qu’elle n’arrive pas à faire ce qu’elle souhaitait. Honnêtement, je pense que c’est ma performance la plus aboutie en pros. Je me trouve d’ailleurs meilleure qu’il y a deux ans. » Au point d’avoir décidé de monter de catégorie et d’y viser une consécration planétaire. En l’occurrence, les quatre sceptres (WBA, WBC, WBO, IBF) de l'Anglaise Chantelle Cameron. Mais, auparavant, pour se faire la main, il s’agira de défier Mexicaine Magali Rodriguez, détentrice de la ceinture WBC silver des super-légères.

Pour cela, Estelle Mossely, qui est désormais son propre promoteur, a annoncé qu’elle aspirait à se produire deux fois en pros d’ici la fin de l’année. Afin que ce projet soit viable, elle se devra de décrocher la qualification olympique pour Paris 2024 dès les prochains Jeux européens, en juin. « Il faudra que je réalise un parcours sans faute. Je me suis mis une pression supplémentaire à la fois avec ces deux grosses échéances et en termes de cadence de combats. » Mais c’est à ça que marche la Francilienne.

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