The Spider (9 v) a tissé sa toile avec intelligence et malice, sur le ring de Levallois, le 13 décembre, pour s’emparer du titre de l’Union européenne des coqs aux dépens de l’Espagnol Sebastian Perez (12 v, 1 n, 1 d) , vaincu aux points, à l’unanimité des juges (117-111, 116-113,115-113). Et ce, alors qu’alors qu’il était loin d’être dans la plénitude de ses moyens.
Comme il y est habitué, le Français recevait la réplique d’un rival plus petit, plus râblé et, se disait-on, peut-être plus puissant. Dans ces conditions, il misait sur sa mobilité et son jab pour maintenir en respect et à distance l’Ibère, lequel n’avait d’autre corde à son arc que d’avancer dans l’espoir de placer ses larges crochets lourds. Une entame rondement menée de gant de maître qui suscitait les compliments d’Abadila Hallab à l’adresse de son protégé, dès la première minute de repos : « Je n’ai pas grand-chose à dire. Tu es bien rentré dans ton match. Le but est de ne pas se bagarrer avec lui. »
De fait, l’Yvelinois continuait de se déplacer latéralement pour empêcher le visiteur de le cadrer. On le sentait à son aise, sûr de sa supériorité technique au demeurant avérée. Plus varié dans sa boxe, plus rapide gestuellement, il avait l’intelligence de désaxer immédiatement après avoir touché. Toutefois, il lui arrivait de céder ponctuellement à la tentation du mano a mano de près ou aux délices de quelques gestes qui attestaient de sa (trop) grande facilité, en particulier lorsqu’il en décousait sciemment les mains basses. Mais rien de bien méchant tant le local dominait son sujet. Toutefois, ses entraîneurs n’omettaient alors pas de le rappeler à l’ordre en l’enjoignant de ne pas entrer dans le jeu du Basque, lequel n’aspirait qu’à une chose : décrocher la timbale avec sa droite.
Le panache est aussi le plaisir cardinal du pugiliste de talent
Seulement voilà, il était infiniment trop prévisible pour surprendre le Francilien, lequel le mystifiait le plus souvent grâce à sa souplesse du buste, son art du décalage et sons sens de l’anticipation. La performance du Tricolore était d’autant plus remarquable qu’il ne bataillait qu’avec un bras et demi, lâchant sa droite avec une parcimonie qui laissait augurer une blessure aux fâcheuses conséquences. Ce que l’intéressé confirma d’ailleurs, à l’issue de la confrontation, en expliquant qu’il allait se faire prochainement opérer de l’épaule droite, celle-là même où il avait touché alors qu’il était encore amateur.
Les deux dernières reprises ne furent pas celles du money time car la victoire avait déjà choisi son camp mais celle d’un spectacle plus débridé. N’ayant plus rien à perdre, l’Espagnol jouait son va-tout en chargeant avec tout ce qui lui restait en magasin tandis que l’ancien membre de la Team Solide acceptait sciemment le bras-de fer à mi-distance. Et dans cette configuration, c’était, là encore, lui le dominant, quand bien même s’exposait-il davantage. Mais le panache est aussi le plaisir cardinal du pugiliste de talent.