Le Français (11 v, 1 n, 1 d) est loin d’avoir démérité lors de sa première opportunité continentale. Le 16 avril, à Milan, il a en effet cédé aux points et de justesse (115-113, 115-113, 115-113) face à l’Italien Fabio Turchi (19 v, 1 d) alors que le titre vacant de l’UE des lourds-légers était en jeu.
Le Nantais, qui s’était notamment préparé à l’Insep avec les membres de l’équipe de France, démarrait parfaitement les hostilités. Il occupait le centre du carré magique et laissait tourner autour de lui le fausse garde transalpin. Il le maintenait à distance grâce à un bon travail en jabs et en directs du bras avant qui l’autorisait même parfois, cerise sur le gâteau, de passer sa droite dans la foulée. Les échanges avaient lieu sur un faux rythme mais l’ancien champion de France professionnel et amateurs était plutôt à son avantage en ne laissant son rival ni approcher ni enchaîner à mi-distance. L’Azzurri tentait bien quelques incursions dans la garde du Français mais elles étaient bloquées. Soit il courait après le boxeur de Loire-Atlantique, soit il lançait des ruades quelque peu tête la première, lesquelles ne s’avéraient guère plus productives.
Jamais mis en danger, visiblement très serein, l’élève d’Alban Georget répliquait sobrement. On devinait là l’écueil d’une telle stratégie : à force de ne pas accélérer ni d’imprimer des variations de rythme qui lui eurent permis de se distinguer aux yeux des juges, il scellait son sort. Alors qu’il était supérieur techniquement, un atout dont il ne tirait pas tout le parti quand bien même lui eut-il offert la possibilité de prendre véritablement les devants, il se montrait trop gestionnaire et donnait l’impression de faire jeu égal avec son contradicteur, ce qui, en terre étrangère, signifie le plus souvent être promis à une déconvenue sur les bulletins des juges…

Le Français ne prenait pas clairement les débats à son compte
Et ce, d’autant que sans être transcendant, loin de là, Fabio Turchi se révélait nettement plus incisif dans la deuxième partie du duel. Il avançait plus franchement et débitait des coups. Même s’il n’était pas sur le reculoir, le visiteur, ouvert à l’arcade sourcilière gauche, paraissait parfois subir, certes sans être nullement en danger. Jamais, il ne prenait clairement les débats à son compte alors que la physionomie de la confrontation, assez monocorde et sans éclat de part et d’autre, l’invitait à plus d’initiatives de sa part. Dans les ultimes reprises, les rôles étaient clairement inversés : c’est le Tricolore, visiblement quelque peu émoussé après quinze mois d’inactivité, qui cherchait la latéralité dans ses déplacements. Incapable d’exploiter son allonge pour tenir en respect son impétueux opposant, il encaissait au passage quelques crochets gauches à la face tandis que le Toscan appuyait sur le champignon. Il n’en fallait pas plus pour que la balance finisse par pencher du côté de l’Italien, loin d’être génial mais très constant dans l’effort.