Titre : Le 8 avril, à Grande-Synthe, le Nantais (12 v, 1 n, 2 d) a ravi, sur le fil, le titre national des lourds-légers à Eddy Lacrosse (13 v, 2 n, 8 d) vaincu aux points sur décision partagée (97-93, 96-94 94 97) à l’issue d’un duel de toute beauté.
Précisons, à titre liminaire, que ces deux-là ont eu l’immense mérite d’accepter de s’affronter… au pied levé. Initialement, Eddy Lacrosse devait, en effet, remettre en jeu sa couronne face à un rival au profil assez comparable au sien, en l’occurrence trapu et qui avance, en la personne d’Engin Karakaplan. Ce dernier ayant déclaré forfait au dernier moment, il a été remplacé par le longiligne et styliste Dylan Bregeon qui a accepté de relever le défi en ayant été sollicité moins d’une semaine avant l’échéance.
Une très classique opposition de styles
La donne tactique de la confrontation se résumait donc à une très classique opposition de styles. D’un côté, le tenant, apôtre du pressing et du travail de sape sous tous les angles, le buste souvent en rotation à la Mike Tyson. De l’autre, le challenger doté d’une belle panoplie gestuelle façonnée durant ses années dans les rangs amateurs et dont l’objectif était de ne pas se laisser engluer dans des échanges de près mais, au contraire, de toucher grâce à sa vitesse de bras et ses combinaisons pour aussitôt s’extirper, soit en reculant, soit en désaxant.
Dès le gong libérateur, ce dernier s’y employait, tenant son contradicteur à distance avec son bras avant, en directs et en jabs, pour ensuite enchaîner tantôt en uppercuts, tantôt avec des droites en ligne ou plongeantes. Vigilant, un tantinet roublard quand il s’agissait de s’accrocher, il veillait au grain tandis qu’Eddy Lacrosse ne parvenait pas à s’approcher et à toucher aussi nettement qu’il y aspirait. Toutefois, ses crochets larges des deux mains, en particulier derrière l’oreille, une spécialité maison, trouvaient par intermittence leur cible à partir de la quatrième reprise. Plus agressif, le Girondin tentait de porter l’estocade mais le pugiliste de Loire-Atlantique ne tombait pas dans le panneau. Sa rapidité d’exécution au service de son coup d’œil ainsi que sa plus grande précision lui permettaient d’inscrire de précieux points.
« En France, il y a un gros niveau dans cette catégorie »
Le champion mettait du cœur à l’ouvrage mais avait parfois un temps de retard à l’heure de déclencher. Il donnait de surcroît l’impression d’être un peu désorganisé et pas suffisamment créatif pour trouver la faille. Ces assauts aux allures de charges tauresques étaient trop linéaires et stéréotypés pour véritablement surprendre l’élève d’Alban Georget qui faisait valoir sa belle science du ring et sa capacité à en découdre en tournant.
Les débats étaient néanmoins équilibrés et indécis même si c’était Dylan Bregeon qui, dans l’ensemble, les maîtrisaient. Le pointage des juges le confirmaient au grand dam de son vis-à-vis déchu mais d’un remarquable fair-play, au micro de Fight Nation : « Je suis très content de notre prestation à tous les deux et de la mienne en particulier parce que je savais que face à un boxeur si grand et technique, ce serait compliqué en ayant été prévenu dans un délai si court. A mes yeux, j’ai réussi à mettre en place ce qu’il fallait et à le toucher durement. Si bien que je suis assez surpris de perdre mon titre mais je respecte la décision. Quand est en champion, il est toujours compliqué de se faire détrôner lorsque l’on a autant marché sur son adversaire. Je suis frustré mais nous avons montré qu’en France, il y a un gros niveau dans cette catégorie. Félicitations à Dylan. C’est un super boxeur. » Qui lui rendait la pareille : « Le combat était très serré. La ceinture de champion de France a une saveur particulière mais félicitations à Eddy. »
