En demi-finale aller des (WSB), dans leur antre de la Salle Wagram, à Paris, les Fighting Roosters se sont inclinés (2-3), le 18 mai, face à plus forts qu’eux, en l’occurrence les Cuba Domadores.

L’objectif fixé par Brahim Asloum, patron de la franchise tricolore, était d’ores et déjà atteint puisqu’il s’agissait de figurer dans le dernier carré de la compétition. Il n’empêche, cette demi-finale de gala, dans une Salle Wagram comble, face aux maîtres cubains, avait des allures de suprême défi et d’impossible exploit.

Gabriel ESCOBAR MASCUNANO (ESP - Fighting Roosters) bat Jorge GRIÑAN (CUB - Cuba Domadores).
Les mouches ouvraient le bal par un duel entre l’Espagnol Gabriel Escobar et le vice-champion du monde junior cubain, Jorge Grinan. Le pedigree du visiteur n’effrayait pas l’Ibère qui, pour palier son allonge inférieure, faisait le choix non pas d’avancer pour casser la distance mais plutôt de laisser venir son rival afin de mieux remiser avec son crochet gauche. Le tout en désaxant immédiatement après avoir touché, histoire de ne pas se laisser accrocher ou, simplement, se faire contrer à son tour. Jorge Grinan avait beau essayer de durcir les échanges et de prendre davantage l’initiative, il déclenchait de trop loin et ne parvenait pas réellement à enchaîner face au mobile Madrilène, lequel le prenait de surcroît souvent de vitesse et s’offrait le luxe de se muer en fausse-garde. La confrontation se déroulait sur un faux rythme qui servait l’Espagnol dont les accélérations limpides, parfois flamboyantes, faisaient mouche. Le Cubain avait en effet le tort de n’être pas suffisamment actif ni précis. Un cocktail synonyme, pour lui, de défaite indiscutable (48-47, 49-46, 49-46).
Valeureux Patrick Momene Mokamba et Gaëtan Ntambwe

Roniel IGLESIAS (CUB - Cuba Domadores) bat Patrick MOMENE MOKAMBA (FRA- Fighting Roosters).
Le welter Patrick Momene Mokamba (-69 kg) avait la lourde tâche de recevoir la réplique de Roniel Iglesias Sotolongo, champion du monde 2009 et olympique 2012. Plus petit, le pugiliste de Clichy tournait autant qu’il le pouvait, essayant de planter des banderilles. Aussi respectable que fut son courage d’avoir accepté de relever un tel défi, on sentit rapidement qu’il n’avait pas en magasin les arguments pour faire trembler l’épouvantail cubain, lequel l’attendait au coin du bois, prêt à bondir. Le fausse garde latino, au bras arrière dévastateur, ne se démultipliait pas mais ses coups lourds lui permettaient de prendre les devants sans avoir à forcer son talent ni à passer la démultipliée. Un minimum syndical qui incitait le Francilien à s’engaillardir de manière fort appréciable, quand bien même était-il compté de manière quelque peu sévère dans la troisième reprise. Meilleur boxeur, le Cubain se contentait de passer son bras arrière par intermittence pour marquer les touches qui lui offraient une victoire sans brio à l’unanimité des juges.

Julio LA CRUZ (CUB - Cuba Domadores) bat Gaetan NTAMBWE (FRA - Fighting Roosters).
Récent vainqueur des… Ceintures Montana, Gaëtan Ntambwe (-81 kg) se retrouva tout simplement, pour sa première participation en WSB, face au meilleur boxeur amateur actuel, Julio Cesar La Cruz, cinq fois champion du monde (de 2011 à 2017) et champion olympique à Rio après avoir éliminé Mathieu Bauderlique en demi-finale. Excusez du peu. Le Français joua crânement sa chance, n’hésitant pas à avancer, à se monter offensif et à prendre en défaut son prestigieux contradicteur. Certes, ses attaques étaient simples, faites de crochets de deux mains et parfois de directs. Même si elles n’étaient pas extrêmement élaborées, elles avaient l’immense mérite d’exister et d’être exécutées avec une remarquable conviction. Se sachant nettement au-dessus techniquement, Julio Cesar La Cruz s’en jouait avec une aisance prévisible, se contentant d’esquiver, d’effectuer des pas de retrait ou de côté. Mais sa prestation virait à la suffisance et au manque de respect. Il se faisait d’ailleurs parfois toucher à force d’avoir les mains basses et de tomber dans une facilité déplacée. Il n’empêche, la hiérarchie n’était jamais bouleversée et ses rares offensives construites lui suffisaient pour s’assurer le gain du duel, d’autant que Gaëtan Ntambwe était compté, sans qu’il y ait lieu, dans la troisième reprise. Mais on attendait un peu plus de la part de l’empereur La Cruz.
Sofiane Oumiha d’une courte tête

Jose LARDUET (CUB - Cuba Domadores) bat Mihai NISTOR (ROU - Fighting Roosters).
Toujours est-il qu’en montant sur le ring, le Roumain Mihai Nistor (+91 kg) savait ce qu’il avait à faire : ne pas perdre devant Josue Larduet sous peine de solder la défaite des Fighting Roosters menés 2-1. Cependant, très vite, on comprit que le fausse garde de Bucarest aurait du mal face à la vitesse de bras du Cubain. Fidèle à son habitude, il ne manquait pas de vaillance et se lançait à l’abordage souvent en désordre de bataille. Du pain béni pour Josue Larduet qui, bien qu’ouvert à l’arcade sourcilière gauche, le crucifiait en uppercut ou avec ses crochets courts. Lassé par les nombreuses irrégularités de Mihai Nistor, l’arbitre lui infligea logiquement, dans la troisième reprise, un avertissement pour accrochages répétés. Cela ne réfrénait nullement ses ardeurs sans pour autant inverser le cours des débats favorables au visiteur dont le succès entérina par là-même celui des siens.

Sofiane OUMIHA (FRA - Fighting Roosters) bat Lazaro ALVAREZ (CUB - Cuba Domadores).
Bien que le sort en fût jeté, il revenait à Sofiane Oumiha (-60 kg) de conclure la soirée contre Lazaro Alvarez. La chose n’avait rien d’anodin car il s’agissait tout bonnement de la revanche de la finale des derniers championnats du monde. Bref, le combat ne comptait pas pour du beurre dans l’esprit de ces deux virtuoses. Il prit vite les atours d’un jeu d’échecs, l’un et l’autre soignant autant que possible les préparations d’attaque. Même s’il encaissait trop les gauches du fausse garde cubain, le Toulousain donnait l'impression d’être tentaculaire dans le carré magique. Excellent remiseur, il se montrait à la fois plus prolifique et plus efficace que son contradicteur. Ses déplacements autant que ses esquives étaient du grand et du noble art. Certes, c’était Lazaro Alvarez qui avançait sans cesse mais l’Aquitain acceptait sciemment de boxer en reculant pour répliquer au mieux. Il était facilité dans son entreprise par l’avertissement pour coup bas infligé au Cubain dans le quatrième round. Cependant, ce dernier ne lâchait pas prise et, à force de se monter constamment entreprenant, il contraignait le Tricolore à trop subir ou, du moins, à en donner l’impression puisqu’il était compté dans la même reprise. Conscient du péril, le vice-champion olympique se ressaisissait dans l’ultime opus et insistait sur la liaison attaque - contre-attaque pour passer devant, d’une courte tête, sur les bulletins des juges, lesquels le désignaient vainqueur sur décision partagée.
Une victoire de prestige qui n’occultait pas l’essentiel : une qualification des Coqs combattants, arrachée en terre cubaine lors du match retour, semble sérieusement compromise.
Par Alexandre Terrini
Crédit photos : Karim de la Plaine