Les quarts et les demi-finales des Championnats de France amateurs (CFA) seniors masculins et féminins, qui se sont déroulés les 9 et 10 février, à Grande-Synthe et aux Sables-d’Olonne, n’ont pas satisfait les entraîneurs nationaux. Explications.

« Ces quarts et ces demies ont été du niveau que je pensais », résume d’emblée John Dovi. Ce qui, dans la bouche du manager général des équipes de France masculines, n’est pas forcément flatteur. Et de préciser sa pensée : « Les uns et les autres ont été quelque peu annihilés par la pression inhérente aux championnats de France. On a vu des boxeurs capables d’affronter des Russes et des Cubains faire montre d’un autre état d’esprit et être en proie à une tension qui les a empêché de donner la pleine mesure de leurs capacités. Comme si le fait d’être attendus leur faisait perdre une partie de leurs moyens. Ce qui explique aussi que, paradoxalement, les meilleurs ont été ceux qui n’avaient rien à perdre et qui ont bénéficié d’un effet de surprise. » D’ailleurs, des Bleus sont passés à la trappe, à l’image de Paul Omba-Biongolo, Mourad Aliev, Soheb Bouafia, Moreno Fendero ou encore, Victor Yoka. Ce qui a parfois donné lieu à des débats animés…
« L’entrée en lice des internationaux n’a pas changé la donne »
« On a eu affaire à des boxeurs qui, pour la plupart, sont encore en formation, résume Mohamed Boulakhras, entraîneur en charge du collectif masculin espoirs. Il faut leur laisser le temps, tout simplement. Hormis les garçons qui travaillent avec nous en équipe de France, ceux qui ne sont qu’en club ne possèdent pas encore toutes les qualités requises pour se projeter vers le niveau international. Ils n’ont, par exemple, pas été capables de sortir du schéma tactique qui avait été initialement préconisé par leur coin ou qui leur était imposé par l’adversaire. Sans compter un rythme trop linéaire et un manque de variété dans les actions engagées. Par ailleurs, je pensais que certains combats seraient plus disputés. Au final, personne n’est sorti du lot. »
En clair, le spectacle proposé a été, somme toute, assez éloigné des standards internationaux. La perspective d’une qualification pour la finale des CFA a incité nombre d’athlètes à miser avant tout sur l’engagement physique. « Dans l’ensemble, les combats ont été assez pauvres techniquement, déplore John Dovi. Surtout, l’entrée en lice des internationaux n’a pas changé la donne ni été synonyme de nivellement par le haut. Au lieu de faire preuve d’un degré d’exigence comparable à ce qui leur est demandé en équipe de France, beaucoup se sont contentés de faire le minimum, quitte à ce que leurs lacunes ressurgissent. Cela fait déjà plusieurs années que l’on pointe du doigt la faiblesse technico-tactique des CFA. » Pour tenter d’inverser la tendance, la Direction technique nationale (DTN) s’attache à renforcer le dialogue et la collaboration avec les clubs afin d’instaurer une continuité dans la préparation et le suivi. Objectifs : parler le même langage en ce qui concerne les critères à satisfaire, lever les incompréhensions et miser sur la complémentarité, voire la synergie entre ces deux pôles de compétences qui ont chacun toute leur part dans le Parcours d’excellence sportive (PES) censé mener au haut niveau.
« Recibler les axes de perfectionnement »
Le constat n’est guère plus encourageant en ce qui concerne les filles. « Il n’y a pas eu de surprise puisque celles qui se sont hissées en finale étaient déjà identifiées par la DTN, confirme Anthony Veniant, entraîneur national en charge du collectif féminin seniors. La jeune génération n’arrive pas à s’imposer face aux plus anciennes qui ont davantage d’expérience. Quand bien même se sont-elles montrées supérieures à leurs rivales, les athlètes avec lesquelles nous avons l’habitude de travailler n’ont pas toujours été à la hauteur. Elles ont surtout mis l’accent sur l’aspect physique. Plus largement, le niveau technico-tactique était assez moyen avec, par exemple, peu de préparations d’attaque et de doubles attaques, une propension à s’exposer aux actions adverses faute de prise d’informations et de déclencher à la bonne distance. On a également vu beaucoup d’antiboxe, qu’il s’agisse d’accrochages ou de fautes. Le scénario était souvent le même : tout donner au premier round et ensuite, essayer d’empêcher l’adversaire de boxer. Bref, ce n’étaient pas de grands quarts et demi-finales. En cette année préolympique, c’est un peu inquiétant car ces résultats n’incitent pas à être serein. Un important travail est nécessaire pour recibler les axes de perfectionnement. »
Par Alexandre Terrini
Mis en ligne par Olivier Monserrat-Robert