La boxe se féminise, pas seulement sur les podiums des JO de Rio. Déjà fréquenté par les filles, l’ESL boxe a vu arriver cette année davantage de femmes, et des mères en quête d’une bulle bien à elles dans le quotidien.

Gaëlle Callone et Bérangère Pacton, nouvelles licenciées de l’ESL boxe. Crédit photo : Sébastien Chabard
Regard froncé derrière les gants, elles enchaînent les directs dans l'air du ring. Croisent leurs trajectoires avec celles de Léa Younès et Kelly Duranton, libellules adolescentes, championnes de France de boxe éducative assaut (BEA), deux jeunes anciennes de l'ESL section boxe.
Le rythme marmots-boulot-dodo mis K.-O.
Bérangère Pacton et Gaëlle Callone n'ont que quelques mois d'entraînement derrière elles. « L'intégration a été très facile », sourit la première, qui vit à Trois-Vèvres et s'entraîne, le soir, avant de filer prendre son poste de nuit à l'usine FPT de Bourbon-Lancy. La Léogartienne Gaëlle Callone, elle, vient après sa journée de travail dans son salon de coiffure.
« Notre moment à nous »
Pour ces deux mères de famille, l'heure et des poussières d'entraînement est devenue un repère bihebdomadaire dans la journée, bousculant un quotidien "marmots-boulot-dodo". « C'est notre moment à nous, où on peut être nous », rayonne Bérangère Pacton. « Il y a la maison, le travail. Ça permet de souffler un peu », confirme Gaëlle Callone, soucieuse aussi de sa forme : « J'ai été kayakiste (à l'Espérance Saint-LégerDecize). Puis j'ai dû arrêter à cause du travail, et parce que j'ai eu deux enfants. C'est une amie qui m'a donné envie de venir à la boxe. Je fais beaucoup de cardio, ça maintient en forme. C'est bon pour le cœur ». Bérangère Pacton a suivi l'exemple de sa fille, Marie-Lou, 9 ans, licenciée à l'ESL : « Elle en fait depuis trois ans. Quand j'ai vu à quel point elle prenait confiance en elle, qu'elle s'extériorisait, ça m'a donné envie. La boxe m'apporte beaucoup d'assurance, dans tous les domaines. J'aurais aimé en faire plus jeune. On s'entraîne en équipe, on se sent solide. Je me prouve que je peux aller plus loin, que j'en suis capable, même si je suis une petite maman de 40 ans », sourit-elle.
Pas d'effet JO de Rio
« On a vu arriver beaucoup de femmes, cette année, en loisirs », constate Didier Grisard, prévôt fédéral et clef de voûte de l'ESL boxe, qui veille à une ambiance accueillante : « On ne se prend pas la tête. Je suis beaucoup plus dur avec ceux qui font de la compétition. Parce qu'il faut qu'ils soient prêts physiquement et mentalement. La boxe, c'est un des sports les plus durs ». En croissance régulière depuis des années, le club n'a pas ressenti d'effet JO de Rio : « On a eu la génération Asloum, en 2000, qui avait été beaucoup plus médiatisée ». Les performances de Tony Yoka ou Estelle Mossely n'ont pas suscité de vocations en Sud-Nivernais : « Peut-être plus dans les banlieues », suppose Didier Grisard. « De la directrice de banque au demandeur d'emploi », l'ESL cultive la « mixité sociale à fond ». La mixité tout court.
Par Sébastien Chabard
Source : Groupe Centre-France La Montagne