Le temps d’un footing, Karim Achour s’est confié sur sa préparation tout en évoquant les doutes auxquels il a dû faire face avant d’avoir une chance pour l’Union européenne.
Mardi matin, à quatre jours de son combat devant Moez Fhima, Karim Achour a effectué un footing d’une cinquantaine de minutes
Si beaucoup de boxeurs n’apprécient guère les séances de footing, ce n’est pas le cas de Karim Achour, qui affrontera, samedi à Noisy-le-Grand, Moez Fhima pour le titre de champion de l’Union européenne des poids moyens. « C’est une manière de m’entretenir juste avant un combat, notamment pour faire le poids, mais c’est aussi un plaisir, explique le Pontois. Je me sens bien quand je cours, c’est un moment où je peux faire le point sur plein de choses, une sorte d’introspection. D’ailleurs, quand je ne ferai plus de boxe, je me lancerais peut-être dans le trail. Actuellement, même quand je ne suis pas en préparation, je cours plusieurs fois par semaine ». Notamment à côté de chez lui à Cambronne-les-Ribécourt ou aux alentours de Thourotte. Comme mardi matin pour une sortie d’une cinquantaine de minutes, le temps de couvrir plus de 8,5 km dont la majeure partie en forêt de Laigue.
L’occasion d’évoquer sa préparation, quelque peu raccourcie puisqu’Achour a boxé le 3 octobre face à l’Espagnol José Yebes à Compiègne (victoire aux points). « C’est particulier d’avoir deux combats aussi rapprochés et j’ai pris un risque, reconnaît Achour. Mais c’était aussi très motivant. J’avais un vrai programme, j’ai énormément travaillé et je me sens bien, car je surfe sur la préparation du combat face à Yebes. Contre lui, ça a été compliqué. C’est comme la course à pied, il y a des moments où l’on est dans le dur, c’était le cas aux 5e et 6e rounds. Au final, j’ai travaillé pour ne pas connaître ce type de problème contre Fhima ».
Depuis sa victoire devant Yebes, le boxeur picard a fait peu de mises de gants. « Quelques-unes à Levallois-Perret et d’autres à Pont avec des amateurs du club, qui changeaient chaque minute. C’est le type de séances qui me convient. Je me souviens qu’avant l’une de mes défenses du titre de champion de France contre Armand (en mai 2014), j’avais pris tellement de coups contre eux que sur le chemin du retour, je m’étais garé et j’avais pleuré comme un gamin. J’avais du mal à me motiver à cette période. Je sortais d’un gros combat contre Julien Marie-Sainte. Et du coup, j’attendais d’autres propositions. Mais au moins, cette séance difficile m’avait permis de repartir de l’avant ».
Achour confie s’être également « posé beaucoup de questions » sur son avenir à cette époque. « Quand on ne fait que de la boxe à 27-28 ans et que l’on n’a rien à côté, forcément, on y pense, dit Achour habituellement peu loquace sur sa vie personnelle. Je n’étais pas bien. Maintenant, j’ai quelques projets pour la suite qui pourraient aboutir, ça me permet d’être bien plus libéré. Dans ces moments difficiles, Giovanni (ndlr : Boggia son entraîneur) m’a beaucoup aidé en m’écoutant et en m’expliquant des choses ». Car, même s’il a été huit fois champion de France, Achour est « un homme comme tout le monde », avec ses faiblesses et ses forces. Mais avec la perspective remporter le titre de l’Union européenne et ainsi de monter dans les classements pour le vrai titre de champion d’Europe, Achour a enfin des objectifs à la hauteur de son talent et de sa détermination.
Par Walter Ignasiak
Source : Le Courrier Picard