Cuba avec panache

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Le 16 septembre, au Tremblay-en-France, la meilleure équipe nationale de la Planète a dominé (6-3) son homologue française. Mais les Tricolores n’ont pas à rougir de leurs prestations, à l’image des féminines et de Djamili Aboudou pour ne citer qu’eux.

C’est au Président de la FF Boxe, Dominique Nato, qu’est revenu le soin de présenter cette affiche de prestige, soulignant « le privilège de voir s’affronter des boxeurs et des boxeuses de talent qui nous feront vibrer au stade de Roland-Garros, lors des JO de Paris ». Et de rappeler que les deux sélections ont un long passé commun puisque « c’est au contact des boxeurs cubains que nos équipes de France ont pu progresser en se rendant à La Havane à partir des années quatre-vingts ». Bref, ce France-Cuba, a fortiori admirablement organisé par la Ville du Tremblay-en-France, valait le détour.

-57 kg : Delphine Mancini (Fra) bat Lennys Cala Maso (Cub) 3-0

C’est Delphine Mancini qui ouvrait le bal face à la fausse garde Lennys Cala Maso, laquelle exploitait d’emblée son allonge supérieure et son sens éprouvé du déplacement. De son côté, l’Essonnienne n’avait d’autre solution que d’avancer pour casser la distance. Elle s’y prenait sans forcément créer d’incertitude mais en faisant montre d’une belle vaillance et sans être avare de ses efforts. Si bien qu’au fil des minutes, elle inscrivait des touches nettes en crochets, au visage. Dans un premier temps, sa rivale n’avait guère de peine à voir venir les offensives de la Francilienne et à bloquer ou à remiser en séries. Mais, progressivement, elle faisait montre d’une perméabilité défensive croissante tout en débitant avec un peu plus de parcimonie. Dans ces conditions, la Tricolore, de plus en plus précise et incisive tout au long de la confrontation, voyait sa constance et son obstination payer.

-66 kg : Victoire Piteau (Fra) bat Ariane Imbert Lomothe (Cub) 3-0 

Forcément un peu crispée pour ne plus être remontée sur le ring depuis un an, la Française commençait à lâcher les chevaux après moins d’une minute, parfois de manière un peu désordonnée, en se jetant mais avec beaucoup d’envie. En outre, son bras arrière trouvait fréquemment sa cible. Surtout, c’était elle qui avançait et prenait le plus l’initiative. Cependant, les échanges étaient assez brouillons en raison des irrégularités qui étaient davantage l’apanage d’Ariane Imbert Lomothe. La visiteuse sonnait par intermittence la charge en assénant sa lourde droite mais Victoire Piteau était la plus précise aussi bien dans l’usage des moyens de défense qu’au moment de remiser. La fin de la confrontation se résumait à un à toi, à moi qui voyait la Tricolore être suffisamment solide pour conserver un avantage chèrement acquis.

-75 kg : Yakelin Stornet Elizastigue (Cuba) bat Solana Ayivi (Fra) 2-1 

La Cubaine ne connaissait qu’une seule tactique, la marche avant. Petite et râblée, on devinait que pareille stratégie était dictée tant par son gabarit que par son tempérament. Pour autant, ses assauts étaient loin d’être académiques et encore moins fluides. Un tantinet brouillonne et encline à se jeter, elle faisait cependant la différence grâce à son pressing constant qui étouffait la Française, laquelle n’avait pas le temps de s’organiser n’étant pas des plus à son aise quand elle était contrainte d’en découdre en reculant. En revanche, dès qu’elle était à sa distance, Solana Ayivi montrait de belles choses et parvenait à enchaîner. Hélas, parce qu’elle se laissait coller par la Cubaine sans la contrer, cette configuration était trop rare pour obtenir les faveurs des juges.

-57 kg : Saidel Ivan Horta (Cub) bat Riad Labidi (Fra) 3-0

Fidèle à lui-même, Riad Labidi se démultipliait d’entrée et enclenchait la marche avant sans discontinuer. Mais son entrain se heurtait très vite à la classe du vice-champion du monde cubain dont la boxe toute en mouvement et le coup d’œil acéré faisaient merveille. Le visiteur déclenchait systématiquement dans le temps, tout en multipliant les déplacements latéraux pour empêcher l’Azuréen de le cadrer. Sa vista et sa vitesse de bras lui permettaient de se livrer à un récital même si le Provençal avait l’immense mérite de ne jamais se résigner et de remettre cent fois son ouvrage sur le métier. Mais le manque de variété de ses multiples initiatives les rendaient aisément décryptables par son opposant qui raflait la mise sans discussion.

-63,5 kg : Lazaro Alvarez (Cub) bat Antar Badri (Fra) 3-0

Antar Badri honorait sa première sélection face à un homme triple champion du monde qui compte plus de deux-cents combats au compteur ! Droit dans ses gants, le Tricolore faisait ce qu’il pouvait, et plutôt bien, en ne se laissant pas impressionner. Il remisait tant qu’il en avait l’opportunité et passait des crochets avec une louable conviction. De son côté, le fausse garde Cubain donnait quelque peu l’impression de gérer les affaires courantes, haussant de rythme et accélérant quand il le fallait pour asseoir sa supériorité. Il travaillait essentiellement en ligne en avançant sur le Français qui, lui, s’évertuait à garder ses distances pour ne pas s’exposer. Vigilant défensivement, a fortiori quand son opposant se décida à durcir le débat dans le troisième opus, mais forcément moins actif, Antar Badri s’inclinait sans avoir démérité.

-71 kg : Jorge Cuellar Terry (Cub) bat Ismaël Gbodialo (Fra) 3-0

Ismaël Gbodialo, qui, lui aussi, fait partie de la nouvelle génération, faisait le choix d’occuper le centre du carré magique et de ne pas avancer systématiquement, quitte à laisser venir à lui son vis-à-vis pourtant plus grand. Sauf qu’à force d’en découdre à sa guise en ayant le temps de s’organiser, le Cubain entamait un cavalier seul de toute beauté. Tantôt virevoltant, tantôt bien campé sur ses appuis, il exploitait son allonge supérieure et sa virtuosité sous toutes les coutures. Ses jabs et ses uppercuts étaient de toute beauté. Idem quand il passait sa droite plongeante ou qu’il débitait ses séries en crochets. Toujours dans la feinte et la provocation pour mieux contrer, le visiteur, un tantinet chambreur, prenait irrémédiablement l’ascendant. Néanmoins, le Français était loin de jouer les utilités. Sérieux et concentré, il tentait d’imposer l’épreuve de force. Il peinait toutefois à cadrer son opposant en ne déclenchant pas à la bonne distance et en n’étant pas toujours suffisamment précis dans ses actions. Il était même compté dans l’ultime minute. Un aléa qui ne retire rien à sa prestation courageuse.

-80 kg : Arlen Lopez Cardona (Cuba) bat Raphaël Monny (Fra) 3-0

C’est un euphémisme de dire que Raphaël Monny n’avait pas la tâche facile devant Arlen Lopez, double champion olympique. Pourtant, il faisait bien mieux que de faire de la résistance. Certes, les jabs et les directs du bras avant du Cubain, enclin à changer de garde, étaient d’école. Pour autant, il était loin de prendre aisément l’ascendant. Le Troyen rivalisait en ne reculant pas et en décousant dans le même registre que son contradicteur : tête contre tête, au grand dam de l’arbitre, en crochets courts après avoir donné son gauche en piston. Mais le visiteur était un peu plus rapide et précis, notamment en uppercuts. C’est aussi lui qui combinait un peu plus et terminait le mieux. Malgré la défaite, Raphaël Monny a franchement rivalisé avec son prestigieux adversaire et marqué des points.

-92kg : Julio Cesar La Cruz (Cuba) bat Soheb Bouafia (Fra) 3-0

Julio Cesar La Cruz laissait venir le Français et, délibérément attentiste, il adoptait des postures à la limite de l’arrogance avec son sourire narquois, son protège-dents doré et ses esquives systématiques pour faire déclencher le Roubaisien dans le vide. Il se permettait même d’en découdre à… cloche-pied. Le Français ne tombait pas dans le panneau de la provocation et se démenait sans se découvrir. Pas facile car en face, le quintuple champion du monde et double médaillé d’or olympique donnait le sentiment de faire un peu ce qu’il voulait quand bon le lui semblait, de surcroît les mains en bas. Toujours est-il qu’en dépit de ses fulgurances, il ne surclassait pas le Français, plus que jamais fidèle au poste et très appliqué, qui s’inclinait avec les honneurs.

+92kg : Djamili Aboudou (Fra) bat Fernando Arzola Lopez (Cub) 3-0

Devant le longiligne vice-champion du monde en titre, le Français chargeait d’entrée en ayant l’intelligence de déclencher en cours de route, c’est-à-dire avant de se retrouver collé à son opposant. Il misait sur ce qui fait sa marque de fabrique, sa vitesse de bras. Le visiteur, lui, boxait en ligne tout en s’efforçant de garder ses distances. Le Nordiste continuait à soigner ses préparations d’attaque avec l’objectif de faire déclencher le Cubain et de s’engouffrer illico dans la brèche. Très agressif, il le prenait de court en le touchant de plein fouet au visage avec ses crochets larges. Si bien que Fernando Arzola Lopez était contraint de forcer sa nature. En clair, de durcir les échanges et d’avancer, quitte à commettre quelques irrégularités comme appuyer sciemment sur la tête du Tricolore. Conscient qu’il lui fallait réaccélérer à l’entame de la troisième reprise le sociétaire de Couderkerque Ring acceptait le bras de fer et faisait face en rendant coup pour coup. A la clef, un succès de prestige qui le faisait désigner, par son pote Makan Traoré, officieux MVP (Most valuable player) de la soirée.

Au final, la team France s’est logiquement inclinée (6-3). Un résultat qui n’a rien d’inquiétant, explique le Directeur technique national (DTN), Mehdi Nichane : « Il y a forcément des enseignements à tirer de cette rencontre mais globalement, c’est encourageant. J’ai notamment apprécié ce qu’ont produit Soheb Bouafia et Djamili Aboudou ainsi que la prestation de Delphine Mancini. Quant à Raphaël Monny, il a été dans la lignée de ce qu’il proposait jusqu’à présent et a montré qu’avec du travail et de l’abnégation, il est susceptible de pouvoir éventuellement gagner sa place pour le prochain TQO. Par ailleurs, les Bleus qui sont assez peu expérimentés, à l’image d’Antar Badri, ont eu le courage d’affronter une adversité beaucoup plus relevée et ont montré des choses. Au final, dans certaines catégories, nous ne sommes pas très loin et nous arrivons à rivaliser. Il faut aussi savoir que pour une partie de nos athlètes, le niveau de forme est logiquement moyen car ils sortent de quasiment un mois de pause après les Jeux européens. Les Cubains, eux, sont à plein régime pour préparer leur TQO. »

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