CTS : le torchon brule

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Le Gouvernement n’a visiblement pas renoncé à l’idée de détacher totalement auprès des fédérations sportives les Conseillers techniques sportifs (CTS), lesquels changeraient ainsi d’employeur. Un projet synonyme de périls.
 
Le ministère des Sports est prié de se serrer la ceinture, en clair, de faire des économies. Une récente lettre de cadrage en ce sens l’a rappelé à son devoir. Pour cela, une piste est à l’ordre du jour : supprimer, d’ici 2022, pas moins de 1 600 postes de CTS. Pour atteindre cet objectif, rien de plus simple : transférer purement et simplement les intéressés aux fédérations, dans un premier temps sur la base du volontariat des agents. En contrepartie, l’État verserait aux instances des subventions dédiées afin que qu’elles puissent acquitter les salaires des personnes concernées sans que cela ne grève leur budget. Faut-il rappeler qu’actuellement, l’ensemble des CTS sont employés par le ministère et mis à la disposition des fédérations, ce qui représente un coût annuel d’environ 120 millions d’euros ?
 
Un risque de pantouflage évident
 
Reste que pareille perspective irrite au plus haut point les acteurs du sport tricolore et est en passe de devenir un casus belli. C’est pourquoi, mi-avril, un collectif de mille cadres d’État a adressé à la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, une lettre sans équivoque, signée notamment par l’ensemble des DTN. Ils expriment leur désappointement autant que leur ras-le-bol devant la tournure des évènements : « Vous persistez (…) à hypothéquer l’avenir de notre ministère. La confiance que nous vous avions accordée à votre arrivée au ministère, en partie par votre connaissance du sport français et votre parcours (jalonné de près ou de loin par des cadres d’État), a totalement disparu. » Et les auteurs de dénoncer « une opération de destruction du sport français ».
Un issue que redoute également le Fédération française de boxe qui, comme d’autres, condamne la méthode et l’absence de réelle concertation. « Nous nous mobilisons tous, assure Patrick Wincke, le Directeur technique national de la FFBoxe. Quand le Gouvernement dit qu’il va compenser financièrement l’intégration des CTS au sein des fédérations, cela paraît difficilement envisageable. En effet, par-delà les charges salariales plus élevées dans le secteur privé, les obligations liées à la convention collective du sport s’imposeraient alors aux fédérations. En outre, l’augmentation des effectifs de cadres qu’une telle mesure induirait dans les fédérations nécessiterait, dans la plupart des cas, de recruter une personne en charge de la gestion des ressources humaines. Avec le coût non compensé que cela induirait. Enfin, je ne vois pas comment il sera possible de mettre en place une politique sportive nationale si chaque fédération décide de son côté des actions qu’elle entend mener, en particulier pour ce qui est du développement de la pratique sportive à l’adresse de publics cibles. » Sans compter que des cadres qui ne bénéficieraient plus du statut de fonctionnaire auraient alors beaucoup plus intérêt à aller officier dans le privé, voire à l’étranger, moyennant des émoluments plus élevés que ceux qu’ils percevraient en mettant leur savoir à disposition d’une fédération.
 
 
« De la concertation et non des décisions unilatérales »
 
« Tout cela est d’autant dommageable que tout le monde est admiratif de la réussite de la France en matière d’organisation du sport, de formation des athlètes et de double projet, insiste Patrick Wincke. Nous sommes d’accord sur la nécessité de rénover et d’optimiser le système, en particulier pour ce qui a trait au haut niveau et à la performance où, là, il doit effectivement être possible d’enrôler des compétences extérieures. Mais cette évolution doit être le fruit d’une concertation et non de décisions unilatérales. »
En attendant, l’État s’apprête à adopter une stratégie bien connue : ne plus remplacer poste pour poste les départs à la retraite des CTS et enrôler les nouveaux venus dans le cadre de contrats de droit privé. Une mutation des plus hasardeuses.
 
Alexandre Terrini
 
Communiqué fédéral
 
La FFBoxe au soutien
 
Le Comité directeur fédéral, réuni mardi 7 mai, a souhaité apporter son soutien sans faille aux Conseillers techniques sportifs (CTS).
En effet, suite aux déclarations de la ministre des Sports relatives au détachement des CTS au sein des fédérations sportives, l’organe décisionnaire fédéral se positionne contre de telles décisions prises à la hâte. Il y a, au contraire, une volonté affichée par les élus de la Fédération française de boxe d’instaurer, au préalable, une réflexion commune et d’échanger plus longuement sur une réforme de la gestion des CTS.
Les élus sont certes d’accord sur le fait de réformer un système qui n’a pas été modifié depuis plusieurs décennies. Encore faut-il, pour cela, discuter et réunir tous les acteurs du sport afin de s’accorder sur des projets communs.
Quoi qu’il en soit, les CTS missionnés auprès de la FFBoxe reçoivent toute la confiance des membres du Comité directeur fédéral.

 

 

 

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