Cruelle désillusion pour Karim Guerfi

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Le Manosquin (30 v, 6 d) s’est incliné par KO (9e), le 27 février, à Londres, contre l’insipide Anglais Jordan Gill (27 v, 1 n, 1 d) qu’il dominait jusque-là de la tête et des épaules et auquel il a cédé sa ceinture continentale des plumes. A trente-quatre ans, la question de son avenir se pose forcément…

Vêtu d’un short et d’un collant blanc, le Français démarrait les hostilités comme on l’espérait. Autrement dit, avec l’aisance et la précision qui le caractérisent quand il maîtrise son art sur le bout des gants. Dès la minute initiale, sa gauche jaillissait en crochets, parfois en uppercuts. Elle n’était que le prélude à des droites en ligne qui commençaient à savamment martyriser la pommette de l’Anglais.

Ce dernier se comportait en challenger, s’efforçant d’avancer et de faire le combat. Mais on était là davantage dans la velléité que dans l’effectivité. En effet, il était prestement mis en échec par le tenant qui, soit reculait sciemment pour remiser à sa guise avant de désaxer, soit restait sciemment en face et répliquait magistralement en suivant à la lettre la consigne de son coin : en l’occurrence, délivrer des « une-deux en puissance, bien sur les appuis ». Si bien que dès la seconde reprise, le Britannique réfléchissait à deux fois avant de partir à l’assaut, les deux hommes occupant alors fréquemment le centre du carré magique. Il n’en résultait pas pour autant un mano a mano de près mais plutôt des échanges au cours desquels les duellistes alternaient actions à distance et à mi-distance.

Le Sudiste tissait sa toile lentement mais sûrement

Lors des minutes de repos, les propos avisés entendus dans le coin du Tricolore résumaient parfaitement la situation et indiquaient avec pertinence la marche à suivre : « Tu es bien, tu es dedans. Dès que tu travailles, il ne fait rien. Il n’a rien pour lui. Il n’est pas rapide et ne te touche pas. Lève les mains et ne le laisse pas rentrer. Ne reste pas en face. Vise les côtés mais aussi le plexus et le foie. Fais le frapper dans le vide et travaille le retrait. » Le Sudiste s’exécutait avec une rigueur qui lui permettait de tisser sa toile lentement mais sûrement. De fait, il était supérieur dans tous les domaines et toutes les configuration. Assez quelconque dans ses initiatives, le sujet de Sa Gracieuse Majesté se bornait, quant à lui, à attaquer en séries de deux ou trois coups circulaires des deux mains, sans variation ni réellement chercher à feinter.

Surtout, il était le plus souvent pris de vitesse par le Français qui, en outre, s’avérait bien plus diversifié parce que sa supériorité technique et son coup d’œil, en un mot sa vista, l’autorisaient à être créatif et à inscrire les touches les plus nettes. Toutefois, dans la cinquième, il encaissait une lourde droite au menton. La faute à un poing gauche un peu bas.

On crut, l’espace de quelques minutes, que la chose était anecdotique tant l’ascendant pris par le visiteur était patent. Dans le septième opus, le champion serrait même encore la visse et durcissait sciemment les débats. Une tactique payante puisque Jordan Gill allait au tapis après sur une gauche de plein fouet à la face. « Continue d’aller sur lui. Il a mal. Il va lâcher », professaient ses coaches.

« Je me suis fait avoir comme un débutant »

Karim Guerfi ne parvenait pas à conclure l’affaire mais ne relâchait pas son étreinte. Il était en démonstration avec l’immense talent pugilistique qui est le sien. Et ce, on insiste, sans tomber dans la facilité ni nourrir le moindre complexe de supériorité. Simplement avec ce satané bras gauche pas suffisamment remonté… Sans cesse acculé dans les cordes, son rival ployait mais ne rompait pas. Pire, il avait sans doute vu la faille. Dans le huitième round, déjà, il passait un cross du droit en contre aux allures d’avertissement. Dans le suivant, alors qu’il était au bord de la rupture, il rééditait la chose à la pointe du menton. Cette fois, Karim Guerfi était crucifié et tombait lourdement au sol, sur le dos. Sans même entamer le moindre décompte, l’arbitre signifiait immédiatement la fin de la confrontation et se souciait de l’état du vaincu qui, heureusement, retrouvait ses esprits.

Le ciel lui était tombé dessus. Sur les réseaux sociaux, il plaidait coupable : « Je me suis fait avoir comme un débutant. Je l'avais. J'étais mieux que lui. Il était cuit et marqué sur tout le visage. Il restait dans son coin et je suis tombé dans son panneau. Je suis vraiment désolé. » Nous aussi.

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