Le 17 novembre, devant son public de Hyères, Jérémy Parodi (42 v, 1 n, 5 d) s’est incliné aux points, à l’unanimité des juges (116-113, 117-111, 119-110), devant le rugueux Italien Lucas Rigoldi (19 v, 1 n, 1 d) qui a fait ce qu’il fallait pour s’emparer du titre européen vacant des super-coqs. Il s’agissait de la quatrième tentative continentale infructueuse du Toulonnais.

C’est le fausse garde transalpin qui se montrait d’emblée le plus offensif avec l’ambition d’initier un travail de sape. Ce qui explique qu’il visait autant les flancs que le visage. Son débit de coups étaient impressionnant et même si certains étaient évidemment bloqués par le Français, d’autres atteignaient leur cible. Le coin de ce dernier lui intimait de ne pas subir, de ne pas accepter le corps à corps et d’effectuer les pas de retrait nécessaires pour pouvoir mieux contrer. Mais, insuffisamment mobile, le Toulonnais restait trop en face et pâtissait de la puissance de l’Azzuri. Dans la deuxième reprise, il encaissait de plein fouet des crochets larges assénés des deux mains par le Vénitien.
« Fais voir au monde que tu sais boxer »
La maison tricolore prenait l’eau. Lors de la minute de repos, l’entraîneur Ben Belhachemi réitérait ses recommandations : « Tu ne pourras pas tenir douze rounds comme ça. Sois malin. Fais-moi un round à la Ray Sugar Leonard. » Mais l’entame du Sudiste n’était pas celle attendue tant il était malmené, parfois même acculé dans les cordes. Pour sa première tentative à ce niveau-là, Lucas Rigoldi était totalement décomplexé et tentait crânement sa chance. Comble de malheur pour Jérémy Parodi, l’activité du visiteur s’accompagnait d’une grande précision, si bien qu’il ne se désunissait guère et se montrait d’une redoutable efficacité avec très peu de déchet dans ses attaques. Le coach du Français n’avait alors d’autre solution que d’en appeler à la fierté de son élève : « Fais voir au monde que tu sais boxer. Bouge, attends et frappe. Dérègle la machine de l’Italien. Tu as une boxe magnifique. Quand tu la mets en exécution, tu fais des choses fabuleuses », lui demandait-il en désespoir de cause. Les mots produisaient leur effet puisque à partir du cinquième opus, son protégé se mettait à esquiver davantage, à déclencher à mi-distance mais pas de trop près. Bref, les débats s’équilibraient sérieusement. Cependant, même si l’Italien était un peu moins fringuant physiquement, sans doute émoussé par son départ pied au plancher, il ne s’en laissait pas compter. Et même s’il parvenait moins à trouver aisément l’ouverture, il continuait de distribuer et de marquer de précieuses touches. Le Varois avait beau désaxer par intermittence, il avait encore trop tendance à engager le bras de fer et à ne pas sortir assez rapidement lorsqu’il était coincé dans un coin du ring.
« Je n’ai plus rien à prouver »
Reste que l’Azuréen, marqué dans sa chair, avait de la vaillance et de la résistance à revendre. Ses réactions d’orgueil étaient admirables mais trop rares pour lui permettre de refaire son retard d’autant que Lucas Rigoldi ne faiblissait pas franchement et l’emportait sans qu’il n’y ait rien à redire.

La fin d’un rêve pour Jérémy Parodi qui, à chaud, exprimait, au micro de France 3, sa volonté de raccrocher : « Je suis déçu parce que j’ai vraiment tout donné. J’ai montré que je suis un guerrier. Ce qui m’a manqué ? Franchement, je n’ai pas les mots. Je suis abattu et écœuré. J’ai mis du temps à démarrer. Cela faisait deux ans que je n’avais pas disputé de combat comme celui-ci, de niveau européen. Cela s’est vu. J’avais dit qu’en cas de défaite, j’arrêterais. Je n’ai plus rien à prouver. »
Par Alexandre Terrini
Mis en ligne par Olivier Monserrat-Robert