Coup d'arrêt pour Michel Soro

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A la surprise générale, le Français (30 v, 1 n , 2 d) s’est incliné aux points, sur décision partagée (115-113, 115-113, 112-116), le 1er juillet, à Évian, face au tenant du titre WBA par intérim des super-welters, l’Argentin Brian Carlos Castano (14 v). Une cruelle désillusion qui pose question.
Il était favori sans que ce statut ne soit usurpé. D’abord parce que depuis un championnat du monde WBO perdu avec la manière, en mai 2012, contre le Russe Zaurbek Baysangurov, au jeune âge de 24 ans, il n’avait plus connu la défaite. Ensuite parce que depuis, il avait rencontré et dominé des hommes de valeur. Enfin, parce que beaucoup s’accordaient à en faire le meilleur super-welter français, voire l’un des meilleurs de la Planète.
 
 
Le Villeurbannais avait en outre mis tous les atouts de son côté, allants suer sang et eau six semaines durant, loin de chez lui, en altitude, en Californie, chez Abel Sanchez, l'entraîneur du Kazakh Gennady Golovkin, actuel meilleur poids moyen de la galaxie pugilistique. Une vie d’ascète sous la férule du technicien cubain qui l’avait fait encore progresser. Fayçal Omrani, entraîneur des débuts, qui a façonné Michel Soro en en faisant un roi de France puis d’Europe, louait l’évolution de son protégé : plus puissant, plus maître de ses appuis, meilleur gestionnaire de ses combats aussi. Bref, tout pour plaire et de quoi rivaliser avec le gratin mondial, les frangins américains Jermell et Jermall Charlo ou le Cubain Erislandy Lara.
 
 
Hélas, tout s’est écroulé à cause d’un « vrai Argentin », comme l’a dit Fabrice Tiozzo au micro de Canal+. Pourtant, trapu mais doté d’une allonge inférieure, le natif de Buenos Aires au style assez frustre ne payait pas de mine. Soit. Cependant, son départ le mors aux dents et pied plancher laissait augurer un mano a mano compliqué pour le challenger. On crut que l’orage allait passer et que le Tricolore, meilleur technicien, finirait par avoir la peau de son adversaire à l’étouffée, une fois que ce dernier chercherait sans le trouver son second souffle. Un scénario de rêve… coupé au montage.
 
Une revanche plus que jamais à l’ordre du jour
 
Au point que la prestation de l’enfant d’Abidjan, d’habitude si brillant et implacable, interroge. Ne donnant qu’avec parcimonie son jab et son crochet gauche, n’en décousant que trop rarement à sa distance et se faisant souvent cueillir par la droite lourde du Sud-Américain, il n’a jamais réellement été en mesure d’affirmer son emprise tout au long de la confrontation. Sauf dans le deuxième tiers, lorsque Brian Castano, visiblement émoussé, temporisa afin de… terminer en trombe. Si fort quand il s’agit d’imprimer des changements de rythme éprouvants, d’accélérer avant de porter l’estocade et de miser sur coup d’œil, Michel Soro n’était, à l’évidence, pas dans son assiette. D’autant plus rageant que même amoindri, il a quasiment fait jeu égal avec le Latino.
 
 
 
Pour sa défense, il affirme avoir été dans un jour sans, tout simplement, et plaide la thèse de l’accident inhérent à la dure loi du sort. Soit. Une défaite qu’il assume d’ailleurs entièrement et qu’il s’impute, louant au passage les mérites d’Abel Sanchez qui n’aurait pas pu le « préparer mieux qu’il ne l’a fait ». Le Français, qui a également l’élégance de reconnaître la victoire et les mérites de Brian Castano, sait aussi qu’il a commis une lourde erreur stratégique en entrant bien trop tard dans le vif du sujet, après les quatre premières reprises, toutes attribuées au tenant, lequel a triomphé grâce à sa fougue et sa débauche d’énergie. Une revanche entre ces deux guérilleros qui se sont livré un bras de fer d’une formidable intensité, est plus que jamais à l’ordre du jour. Cette fois, le Rhônalpin saura ce qu’il ne faut plus faire.
 
Par Alexandre Terrini
 
Crédit photos ©Presse Sports

 

 

 

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