Élu, depuis un mois, Président du Comité régional olympique et sportif (Cros) de La Réunion après avoir été reconduit à la tête du comité régional de boxe, Claude Villendeuil est devenu l’homme fort du sport sur l’Île. Un avènement qu’il doit autant à son opiniâtreté et à sa rigueur qu’à des idées qui épousent les enjeux de notre époque.

L’arrivée de Claude Villendeuil aux commandes du Cros n’est pas seulement l’expression d’une contestation véhémente à l’encontre de l’équipe jusque-là en poste. Elle est la concrétisation d’une adhésion à un programme qui replace le sport pour ce qu’il est, en l’occurrence un acteur incontournable du vivre ensemble et de la socialisation. « Nous voulons mettre en avant tout ce qui a trait à l’éducation, à la citoyenneté ou encore, à l’emploi et à la qualification professionnelle pour faire comprendre aux uns et aux autres que le sport, ce n’est pas seulement la compétition et l’amélioration de la technique, clame Claude Villendeuil. Nous avons énormément de jeunes qui pratiquent et qui aspirent à faire du sport leur métier. Or, nous avons, par exemple, des difficultés à leur proposer des formations comme le BPJEPS. C’est pourquoi, nous allons nous orienter vers des organismes d’enseignement privés. Dans un autre registre, nous ambitionnons de développer le sport santé, le sport loisir et le sport au féminin. »

« La boxe, génère de la cohésion sociale »

Le succès obtenu dans les urnes par Claude Villendeuil est, bien sûr, une occasion de « donner de la visibilité à la boxe dans le concert des ligues et des comités ». A cet égard, les sports de combat, en général, et le noble art, en particulier, ont vocation à canaliser certaines fougues hors de propos. « La Réunion est un melting-pot, rappelle-t-il. Des cultures et des cultes différents cohabitent et la connaissance des uns et des autres a abouti, aujourd’hui, à une société de tolérance exemplaire. Cependant, comme partout, certaines dérives peuvent toujours surgir. Outre le nombre très important de sans-emplois, La Réunion compte 120 000 illettrés. La situation peut exploser rapidement. A cet égard, le sport, notamment la boxe, génère de la cohésion sociale. Elle fait un peu figure, si j’ose dire, de grand frère auprès des nouvelles ligues de sports de combat. »

Par ailleurs, le Président du Cros entend opérer un sérieux toilettage de l’instance. « Il est d’abord question de professionnaliser et de restructurer le Cros de manière à ce qu’il soit pleinement en capacité de répondre à ses missions », confirme-t-il.

L’action de Claude Villendeuil à la tête du comité de boxe réunionnais est toute autant emprunte du sceau de l’exigence, avec un leitmotiv comparable : « La structuration et la professionnalisation du Comité. Cela passe par la formation des cadres techniques et des officiels mais aussi du personnel du Comité à la comptabilité et aux spécificités des associations. » Le tout sous l’égide d’un partenariat sous forme de conventionnement avec la FF Boxe. De fait, le Comité collabore étroitement avec cette dernière. « Nous allons privilégier la formation des encadrants en matière d’aéroboxe, de boxe santé et d’handi-boxe car ces activités sont synonymes de recettes pour nos clubs, explique Claude Villendeuil. C’est pourquoi nous avons notamment besoin que la Fédération envoie ponctuellement sur l’Île des cadres techniques susceptibles d’assurer les enseignements et que notre centre régional de formation devienne autonome. »

Créer un centre territorial d’entraînement d’ici trois ans

Le haut niveau est également une priorité sur une terre qui a vu éclore pléthore de champions, à l’image de Willy Blain (médaillé d’or aux Mondiaux amateurs 2003, en super-légers), de Fabrice Aurieng (champion de France professionnel des lourds, en 2013) ou encore, de Marcus Gevia (champion de France amateur en 2013), pour ne citer qu’eux. En sus de « la remobilisation des membres de l’Équipe technique régionale (ETR) pour que tout le monde fonctionne au même rythme », le grand chantier est la création, d’ici trois ans, d’un centre territorial d’entraînement. « Nous étudions, avec certaines Mairies, le ciblage d’un équipement susceptible de l’accueillir avec, à proximité, un établissement scolaire et des possibilités de logement, précise Claude Villendeuil. Sur le plan financier, il s’agira de nous appuyer sur les crédits de l’Agence nationale du sport (ANS) fléchés sur l’outre-Mer ainsi que sur une aide de la Région, laquelle est un partenaire incontournable. » Comme elle l’est du Cros.