Le médaillé olympique de Rio (7 v) a de nouveau remporté une victoire extrêmement probante en dominant sous toutes les coutures le très expérimenté Mexicain Carlos Molina (28 v, 2 n, 10 d), le 23 juin, au Palais des Sports de la Porte de Versailles, à Paris.


Et si c’était lui, à son insu, la vedette ou, du moins, la co-tête d’affiche des réunions estampillées Canal+ et baptisées La Conquête ? Par son abnégation et son humilité, la crédibilité de ses adversaires et son panache entre seize cordes, le Parisien, pugiliste à la tête bien faite, n’en finit pas de séduire les foules. Cette fois, il avait affaire à un vieux roublard latino qui, à trente-neuf printemps, n’est certes plus dans la phase ascendante de sa carrière mais a de beaux restes. Un homme qui a affronté Julio Cesar Chavez Jr, Erislandy Lara, face auxquels il a fait match nul, ou encore, Kermit Cintron qu’il a dominé aux points. Bref, pas un faire-valoir mais un contradicteur contre qui véritablement s’étalonner et mesurer les progrès accomplis.


Le capitaine de la Team Solide déroulait sa partition avec mesure à l’entame de son récital annoncé. Directs du bras avant, uppercuts en contre dès que son rival avançait, séries délivrées avec un minimum de déperdition, alliant, autant que possible, vitesse d’exécution et précision : cela fait un moment que le sociétaire du Top Rank de Bagnolet n’a pas l’habitude de déroger à ses principes. En l’occurrence, privilégier l’efficacité et l’exactitude gestuelle à la débauche d’énergie forcément synonyme, tôt ou tard, de déchet technique. Alors, forcément, lorsqu’il fait mine de temporiser, les spectateurs, rompus à la démonstration, ne s’impatientent pas mais attendent de voir ce qui va sortir de la besace du Français. Encore une fois, les habitués du Palais des Sports ont pu se délecter de ses crochets qui jaillissent, de son sens du placement mais également de l’esquive.
Les puristes en ont pris plein les yeux
Devant le vaillant Carlos Molina, l’affaire prit le temps qu’il fallut pour se décanter mais jamais on ne douta de son issue. Dans la quatrième reprise, les droites chirurgicales du Français firent vaciller le visiteur qui les encaissa de plein fouet sans avoir pu le moins du monde les parer. L’enfant du XIXe arrondissement de la Capitale construisait son succès pierre après pierre. Parfois, il se risquait à faire le spectacle en parant les mains basses mais il prenait soin de ne tomber ni dans la facilité ni dans la suffisance. Certes, on eut aimé qu’il conclût avant la limite mais devant un boxeur aussi rusé et résistant que l’ami Molina, la mission relevait davantage de l’impossible que du probable même quand le Mexicain se fit surprendre par une gauche d’école dans le huitième round et alla sur les talons. Qu’importe, les puristes en prirent plein les yeux et en eurent pour leur argent. Les juges en convinrent, ne tergiversant nullement à l’heure de rendre leur verdict aux allures de plébiscite (100-90, 100-91, 100-90) pour le protégé de Virgil Hunter.


« Quand j’ai vu que je ne pourrai pas disputer le championnat de France, j’ai voulu affronter un adversaire dur, a expliqué le héros de la soirée au micro de Canal+. On s’entraîne tellement dur que rencontrer des mecs comme ça, c’est ce qu’il faut. Cela ne peut que me faire progresser. Comme ça, je serai bien prêt pour disputer un titre majeur. Ce n’est pas grave de ne pas avoir gagné par KO. Pour moi, l’important, c’est le côté esthétique et d’offrir un beau spectacle. »
Par Alexandre Terrini
Mise en ligne par Olivier Monserrat-Robert
Crédit images - Karim de la Plaine - Ringstar