Lors de la soirée intitulée La Conquête, le 14 octobre, le sociétaire du Top Rank de Bagnolet (3 v) a étrillé en moins d’un round l’Ukrainien Dmytro Semernin (13 v, 1 n, 4 d). Signe que les feux sont plus que jamais au vert.

Dans un Zénith de Paris qui affichait complet, c’est peu dire que le capitaine de la Team Solide, qui a grandi dans le XIXe arrondissement de la Capitale se produisait à domicile, en particulier sous les yeux de ses anciens professeurs de collège et de lycée. Cette fois, devant un homme censé lui poser quelques problèmes et offrir une résistance digne de ce nom.




Dans son short noir et or, le Bagnoletais entama les débats avec prudence mais sans être pour autant passif. Il laissait sciemment venir l’Ukrainien, histoire de le jauger et de le faire déclencher, tout en donnant son bras avant pour ne pas lui laisser trop de liberté. On pensait alors que les débats se décanteraient lentement mais sûrement. Ils se conclurent sûrement mais prestement quand le Français décocha un uppercut du droit au plexus qui plia puis cloua au sol le visiteur, compté dix par l’arbitre.




Encore une fois, le Francilien n’a pas lambiné entre seize cordes alors que l’on aurait aimé qu’il fasse durer le plaisir. Lui aussi même si pareil scénario expéditif demeure appréciable et qu’il ne faut pas faire la fine bouche. « Toute victoire est bonne à prendre, je ne vais pas me plaindre, expliquait-il, visiblement heureux d’un tel dénouement. C’est vrai que c’est allé un peu vite et que je m’attendais à faire les huit rounds face à un tel adversaire qui ne comptait que trois défaites en dix-sept combats et qui est numéro un ukrainien. C’est pour cela que je ne me suis pas précipité et que je me laissais le temps de mettre des coups. Et puis je l’ai touché au corps et j’ai senti qu’il ne se relèverait pas. Il faut dire que j’ai beaucoup travaillé au corps, aux États-Unis, avec mon coach, Virgil Hunter, et en France, avec mon entraîneur Ali Oubaali. En outre, j’ai effectué, pour ce combat, une préparation beaucoup plus dure que la préparation olympique. Je n’ai jamais autant ressenti de courbatures de toute ma carrière. »
« J’ai changé de dimension »
Plus largement, ce succès avec la manière atteste de la mue qu’est en train d’opérer le Français qui se sent « un autre homme ». Morphologiquement d’abord puisqu’il a pris deux kilos de muscles ; mentalement ensuite tant il est à son aise de l’autre côté de l’Atlantique où il envisage d’établir plus fréquemment ses quartiers généraux. « J’ai changé de dimension, c’est le mot, reconnaissait-il à sa descente du ring. Ce que j’apprends aux États-Unis, c’est un truc de malade. Avant, j’étais quelqu’un de sérieux mais là, je vois vraiment pourquoi on parle de boxe professionnelle. Il faut être assidu car je m’entraîne quatre heures par jour. Je ne vois même pas le temps passer tellement c’est un plaisir. »




Virgil Hunter y est pour quelque chose : « C’est quelqu’un qui a de la sagesse et surtout de l’expérience. Quand il vous dit quelque chose, il vous en explique le pourquoi. Il la démontre et la décortique. Il sait par où l’on doit passer pour devenir champion du monde. C’est ça qui me rassure chez lui. Et puis sa philosophie de la boxe est basée sur la défense or, pour moi, la boxe, c’est donner des coups sans en recevoir. »




Souleymane Cissokho va avoir une fin d’année chargée. D’ici là, il devra en effet avoir achevé son master de droit du sport. Par ailleurs, il reboxera mi-décembre contre un adversaire qu’il souhaite plus fort afin de s’étalonner véritablement et de viser le titre national, voire une ceinture intercontinentale en 2018.
Par Alexandre Terrini
Mise en ligne par Olivier Monserrat-Robert
Crédit photo : Karim de la Plaine