En lice pour s’emparer du titre vacant de l’Union européenne des super-welters, Howard Cospolite (17 v, 3 n, 6 d) et Dylan Charrat (17 v, 1 n) n’ont pas réussi à se départager (115-115, 115-113, 111-117), le 20 octobre, à Marseille. Du moins sur les bulletins des juges.


C’était un peu, à l’échelon hexagonal, l’antichambre de la catégorie qui était réunie sur le ring du Palais des Sports de Marseille puisque l’on compte parmi les super-welters tricolores de niveau international Cédric Vitu, Michel Soro, Souleymane Cissokho, Zakaria Attou ou encore, Maxime Beaussire.







Sitôt lâchés dans le carré magique, les deux hommes se testaient avec leur direct du gauche respectif pour très vite en venir aux choses sérieuses. Plus puissant mais aussi plus petit, Howard Cospolite chargeait comme un taureau, lâchant des crochets à tours de bras, aussi bien aux flancs qu’au visage de Dylan Charrat. Au point que ce dernier semblait parfois débordé et était acculé dans les cordes.
« On va construire cette victoire, ne sois pas pressé »
C’est pourquoi, pour se défaire de cette étreinte, son entraîneur, le Villeurbannais Fayçal Omrani, lui conseillait de mieux exploiter son allonge supérieure : « Ne reste pas à mi-distance et monte bien ta main gauche. Feinte-le, sois patient et vigilant. On va construire cette victoire, ne sois pas pressé. » Du côté du Val-d’Oisien, la consigne était claire : remiser systématiquement après avoir bloqué et lâcher des droites lourdes à profusion.






Les débats se poursuivaient sur un rythme échevelé et leur physionomie tenait à un subtil équilibre : en l’occurrence, la plus ou moins grande capacité de Dylan Charrat à ne pas accepter la confrontation de près, à esquiver les coups de boutoir de son adversaire et à passer des combinaisons grâce à sa vitesse de bras supérieure. Howard Cospolite, lui, ne faiblissait pas, attaquant sans cesse avec des coups larges, de manière quelque peu stéréotypée et, parfois, avec un peu de déchet faute d’une précision continue tout au long de ses actions.






Néanmoins, plus habile et plus varié techniquement, l’Azuréen tirait son épingle du jeu en marquant des touches nettes aussi bien au corps qu’à la face. La confrontation s’équilibrait d’autant qu’à partir du cinquième round, le sociétaire du Red Sar de Saint-Ouen semblait chercher un second souffle avec, à la clef, un débit légèrement moins élevé.
Récompenser une gestuelle ciselée ou la débauche d’énergie ?
Le Sudiste, sommé, pêle-mêle, par Fayçal Omrani de désaxer, « d’être dans l’analyse et de ne pas négliger la défense », s’évertuait à fatiguer son opposant en boxant au maximum sur les jambes et en tournant des deux côtés. Néanmoins, il avait encore trop tendance à rester trop en face, en particulier en sortie d’échanges, et à portée de tir d’Howard Cospolite qui demeurait toujours aussi virulent. En revanche, dès qu’il faisait l’effort d’en découdre de plus loin, là où ses longs segments pouvaient donner leur pleine mesure, l’enfant du Cannet, Lyonnais d’adoption, se montrait convainquant, délivrant par ailleurs des uppercuts d’école.






Dès lors, à l’heure du verdict, se posait la sempiternelle question qui alimente depuis des décennies les discussions de comptoir et de ring : fallait-il, à l’issue d’un duel serré, récompenser la variété d’une gestuelle ciselée et académique ou bien la débauche d’énergie percutante de celui qui avance. Sur leurs bulletins, les juges n’ont pas tranché et tout le monde trouvera à y redire pensant que l’un ou l’autre méritait de triompher.
Par Alexandre Terrini
Mis en ligne par Olivier Monserrat-Robert
Crédit images - KDLP/Univent