Dans la légende ! Tony Yoka a écrit l'une des plus belles pages du sport français et signé un exploit monumental, l'un des plus beaux de la boxe tricolore masculine chez les non-rémunérées.
Le jeudi 16 octobre dernier, sur le ring de la Ali Bin Hamad Al Attiya Arena de Doha (Qatar), Tony Yoka (23 ans ; 1,96 m) est devenu champion du monde des poids super-lourds (+91 kg) en battant aux points (3 juges à 0) le Kazakh Ivan Dychko (25 ans ; 2,05 m), tête de série N.1. Cerise sur le gâteau, en plus de sa belle médaille d'or, le sociétaire du Comité régional Île-de-France a validé sa qualification pour les prochains Jeux olympiques d'été de 2016 qui auront lieu à Rio de Janeiro, au Brésil. Le sociétaire du BA Les Mureaux-Chanteloup devient le troisième Français champion du monde amateur titré chez les seniors après Jérôme Thomas, en mouche (-51 kg) à Belfast en 2001 et Willy Blain, en poids super-légers (-64 kg) à Bangkok en 2003. Nordine Mouchi, premier Français champion du monde, a été sacré chez les juniors.
Tony Yoka, plus petit et plus léger que son vis-à-vis, a pris le combat à son compte dès les premières minutes face au colosse kazakh au crâne rasé. Plus entreprenant, il a touché son adversaire très nettement dans la première des trois reprises grâce à son direct du bras avant. Très aérien comme à son habitude, malgré son quintal largement dépassé, Yoka a résisté à son adversaire devenu beaucoup plus agressif dans les dernières secondes. Les deux reprises suivantes ont été le reflet de la première, le Kazakh, réussissant, à de rares occasions à passer à travers la garde du Français, tandis que Yoka offrait une boxe plus variée.
Directeur technique national de la boxe, Kévinn Rabaud n’est pas surpris par la victoire de Tony Yoka sur le Kazakh Dychko en finale des super-lourds des championnats du monde amateurs, jeudi soir à Doha (Qatar) : « Il a confirmé tout ce qu’on pressentait de lui depuis les juniors. C’est pourquoi, du fait du manque de partenaires d’entraînement dans sa catégorie, il a eu un dispositif de préparation adapté, beaucoup tourné vers les professionnels avec qui il est allé croiser les gants », a-t-il confié à André-Arnaud Fourny (L'Équipe). Sur la finale proprement dite, Rabaud est élogieux : « (Tony Yoka) fait lui-même 1,98m pour 105 kilos, mais il semblait presque fluet à côté de Dychko, 2,05m. Son adversaire étant mobile et travaillant de loin, Tony est allé de près, travaillant derrière les actions du Kazakh. Il a su aller au combat de près. Tony s’est imposé avec la manière. Il a réussi une performance exceptionnelle, accomplie dans la sérénité. Il est allé au bout de sa quête. Maintenant qu’il est qualifié pour les Jeux Olympiques, tout est ouvert à Rio de Janeiro... ».
Tony Yoka rend hommage à Alexis Vastine
Celui que l'on surnomme "l'artiste", à peine sacré, a rendu hommage à Alexis Vastine, décédé le 9 mars 2015 sur le tournage de l'émission Dropped. "Champion du monde. Je ne pensais pas en arriver là si vite. Le travail paye. Cette phrase est vraie. Merci à tous. Merci pour vos messages d'encouragement. Ce titre c'est aussi le vôtre. La qualification pour Rio en prime. C'est magnifique. Merci à toute ma famille qui me supporte et me suis partout depuis très longtemps merci à mon premier coach mon père Victor Buanganga Yoka. Merci à Luis Mariano Gonzalez, mille mercis à Mehdi Nichane Mokhtar Hadjri et tous les autres, va falloir faire la même à Rio. Un grand merci à celle qui me maintient les pieds sur terre, Estelle Mossely, qui était également présente à Doha. Et surtout une grande dédicace à mon "shiotar" qui nous a quitté Alexis Vastine. C'est pour toi aussi mon frère. Rien n'est jamais fini pour toujours".
Par Olivier Monserrat-Robert
Crédits photos : Karim de la Plaine, AIBA