Les Bleues, qui se rendront en Espagne pour participer, du 24 au 31 août, à Madrid, aux championnats d’Europe seniors, regarderont forcément vers la Russie et le Japon où auront respectivement lieu les Mondiaux 2019 et les JO 2020. Un rendez-vous continental aux allures de début de ligne droite, comme le confirme Anthony Veniant, entraîneur national en charge du collectif féminin senior élite.
Qu’attendez-vous de ces championnats d’Europe ?
Tout d’abord, il importe de rappeler qu’ils ont été annoncés assez tardivement, en l’occurrence, début juin. Ils se sont donc en quelque sorte rajoutés au programme du collectif. Au regard des modalités de qualification pour les JO de Tokyo - deux tournois qui seront organisés en début d’année prochaine - ces championnats d’Europe seront avant tout une étape de préparation intéressante. Sachant, en outre, que toutes les catégories seront au programme et non pas seulement celles qui sont olympiques. Par ailleurs, les championnats du monde vont arriver très vite derrière dans la mesure où ils auront lieu du 3 au 14 octobre, à Ulan Ude, en Russie. Enfin, certaines athlètes ont déjà participé aux Jeux européens, en juillet dernier, ce qui augure, pour elles, une période de récupération assez courte. Au regard de tous ces paramètres, des filles qui ont déjà atteint une niveau de performance élevé et qui ont un positionnement bien établi sur la scène internationale devraient faire l’impasse sur cet Euro afin de se concentrer sur les Mondiaux. Néanmoins, en dépit de l’absence probable de quelques têtes de série, la concurrence devrait être relevée en Espagne.
Avez-vous un objectif en terme de médailles ?
Oui, bien sûr. Trois serait satisfaisant. Nous avons fait le choix d’aligner une athlète dans chaque catégorie. Ce qui signifie que toutes ont le potentiel pour monter sur le podium. La sélection s’est faite de manière assez naturelle en fonction de ce que les unes et les autres ont montré. Un premier stage, organisé à Bugeat, a été l’occasion, pour elles, de retrouver leur état de forme et, pour le staff, de procéder à un premier écrémage. Puis, nous sommes partis en Irlande où nous avons multiplié les tests-matchs en variant les adversaires. Cela a permis d’évaluer le niveau de performance de chacune.
« Maintenir la concurrence afin de générer une dynamique de groupe »
Avec, à la clef, quelques nouveautés…
Oui. En -48 kg, nous avons retenu Gloria d’Almeida qui, même si elle n’est pas championne de France en titre, a un potentiel sur lequel nous avons choisi de miser dans l’optique des Jeux de Paris en 2024, d’autant qu’elle a aussi pour elle l’atout de la jeunesse. En -51 kg, Wassila Lkhadiri a su se mettre en évidence et s’appuyer sur son expérience pour prendre, pour l’instant, l’ascendant sur Johanna Wonyou et Houria Djalout, lesquelles s’investissent pleinement en équipe de France et ont atteint un niveau assez élevé. Quant à Delphine Mancini, elle a souhaité ne se remobiliser, le cas échéant, qu’après ces championnats d’Europe. Enfin en -64 kg, Rima Ayadi a été convoquée alors que la championne de France, Flora Pili, a fait le choix de s’écarter de l’équipe de France et de passer professionnelle.
En -60 kg, Maïva Hamadouche a été préférée à Amina Zidani…
Oui car Maïva a répondu au mieux aux critères actuels de jugement qui ont cours en boxe amateur. A cet égard, je pense que son expérience professionnelle lui a servi. Néanmoins, nous sommes dans l’attente d’une confirmation de sa part en ce qui concerne son adaptation aux exigences de la boxe olympique. Elle m’en semble assez proche. Elle possède de grandes qualités physiques mais aussi en termes d’engagement et de détermination. Cela a pesé dans sa sélection même si elle a également quelques faiblesses dont elle a pleinement conscience. Il convient d’ailleurs de souligner qu’elle est très à l’écoute et encline à modifier son style pour atteindre son objectif. Sa démarche constructive, au regard du projet qui est le sien, fait qu’il est très plaisant de travailler avec elle.
Le groupe qui sera aligné en Espagne sera-t-il celui sur lequel vous miserez dans l’optique des Mondiaux et, surtout, des JO de 2020 ?
Non, pas forcément. Il est encore beaucoup trop tôt pour arrêter les choses et nous fixer sur telle ou telle athlète. Cet Euro ainsi que les Mondiaux seront de bons tests pour être sûr de sélectionner ensuite les filles les plus performantes. Ce qui signifie qu’à l’heure actuelle, rien n’est fermé et tout est ouvert. Le staff entend maintenir la concurrence afin de générer une émulation et une dynamique de groupe qui sont les conditions de la performance.