Le médaillé olympique de Rio (12 v) a relancé la machine avec le brio habituel qu’on lui connaît. Après dix-huit mois d’inactivité forcée, il a vaincu sans difficulté, par arrêt de l’arbitre (6e), le besogneux Brésilien Daniel Echevarria (31 v, 11 d), le 13 mars, à Dallas.
Entraîneur du Français, Virgil Hunter redoutait quelque peu que son protégé, à propos duquel il ne tarit pas d’éloges, affronte, pour sa rentrée, un fausse garde du genre solide bosseur, certes sans génie mais jamais mû par la volonté de renoncer. Nul doute que la prestation du Parisien au Texas l’aura pleinement rassuré. Dans les colonnes de L’Équipe, ce dernier expliquait avoir mis l’accent, à la salle, sur le travail de près et les appuis pour être fin prêt à aller au baston, comme disent les anciens, sans pour autant s’exposer et prendre des risques inconsidérés.

Comme à son habitude, le capitaine de la Team Solide a répondu présent et récité la leçon sans anicroche. Prudent mais élégant gestuellement dès l’entame, il a progressivement accéléré la cadence au fil des rounds, mêlant savamment technique et puissance. Dans la cinquième reprise, le Latino est allé par deux fois au tapis, touché d’abord par une droite à la tempe puis par un crochet gauche.
Dans la suivante, malgré sa vaillance, il ne répondait plus et encaissait des coups lourds. Le directeur du combat préféra donc opportunément arrêter là les frais.
Briguer une ceinture mondiale dans un an et demi
Bien qu’il ait eu tout lieu de se réjouir de ce qu’il venait de montrer, Souleymane Cissokho n’exulta pas alors qu’il était l’objet d’applaudissements nourris dans les tribunes. « Aujourd'hui, cela ne s'est pas ressenti que ça faisait seize mois que je n'avais pas boxé. Je suis content de ma performance », commenta-t-il. Des mots sobres qui révèlent en creux les galères endurées par le Francilien depuis plus d’un an, entre duels annulés pour cause de pandémie de Covid-19 et de tracasseries administratives pour se rendre outre-Atlantique et frais de préparation exorbitants acquittés pour enchaîner des préparations qui n’ont débouché sur rien de concret. Un temps pas forcément perdu car tout finit par payer, y compris les sacrifices consentis loin des feux de la rampe. C’est que la perspective les vaut amplement : être en position de briguer une ceinture mondiale dans un an et demi.