Le Français (35 v, 1 n, 5 d) a été crucifié par Dereck Chisora (29 v, 8 d), le 28 juillet, à l’O2 Arena de Londres. Défait par KO dans la huitième reprise alors qu’il menait les débats, son avenir planétaire s’assombrit.

Fidèle à sa réputation peu flatteuse et expert dans l’art de la provocation, l’Anglais avait donné le ton lors de la pesée en prenant la pose tout en effectuant deux doigts d’honneur. La grande classe… Mais il en fallait bien plus pour perturber l’impassible Carlos Takam, conscient que c’est sur le ring que l’affaire se réglerait. Ce qu’il entreprit de faire dès la première reprise en démarrant pied au plancher. Il acculait en effet le Britannique dans les cordes en le martelant tantôt aux flancs, tantôt au visage. Ses crochets des deux mains étaient suffisamment ciblés pour malmener le local et l’éprouver physiquement. Extrêmement mobile mais aussi capable de rester en face du sujet de Sa Gracieuse Majesté, buste contre buste, il faisait encore meilleure impression que lors de sa très convaincante dernière prestation outre-Manche devant Anthony Joshua. Précis dans sa débauche d’efforts, il manquait en revanche de puissance pour crucifier l’ancien champion d’Europe. Autre bémol : des esquives rotatives du tronc parcimonieuses qui le faisaient parfois s’exposer aux jabs et au bras arrière du Zimbabwéen de naissance.
Si ce dernier donnait le sentiment d’être émoussé, il trouvait presque à chaque fois le ressort pour toucher ponctuellement le sociétaire du BC Noisy-le-Grand. C’est que la physionomie des débats lui convenait parfaitement. En effet, au fil des minutes, le duel se déroulait de plus en plus de près, en corps à corps, les deux protagonistes ayant chacun initié un travail de démolition. A ce jeu, Dereck Chisora était le moins actif mais pas le moins percutant. Un tel scénario seyait au bagarreur dans l’âme un tantinet truqueur et roublard qu’il est. De fait, il délivrait ci et là un uppercut, une courte série ou encore un direct qui faisait mouche. Bref, on sentait que le danger était omniprésent et susceptible de surgir à n’importe quel moment.
L’affaire était franchement bien engagée…
Entreprenant et prêt à aller à la guerre s’il le fallait, Carlos Takam n’en avait cure. Se sachant, à juste titre, doté d’un cardio bien supérieur à celui de son rival, il répliquait systématiquement et ne cédait pas un pouce de terrain. Ses accélérations régulières, marquées par un remarquable débit de coups variés, lui permettaient de prendre l’ascendant dans le carré magique et au pointage.
Sans verser dans l’euphorie béate, l’affaire était donc franchement bien engagée… Sous réserve de faire montre d’une extrêmement vigilance défensive et de ne pas se laisser surprendre par les remises improbables de l’Anglais. Or, en boxe, a fortiori chez les lourds, une telle condition préalable relève de l’aléatoire autant que de l’incertitude. Le Britannique se faisait un malin plaisir de le rappeler. Au début du huitième round, une première large droite surgie de nulle part envoyait au tapis le Francilien qui, d’un invraisemblable courage, se relevait héroïquement pour repartir à l’assaut. Mais, encore groggy, il se fait crucifier de la même manière. Une issue fatale dont la cruauté n’a d’égales que les fâcheuses conséquences d’un tel échec dans la mesure où un bon en avant dans les classements mondiaux était promis au vainqueur de cette confrontation au sommet.
Par Alexandre Terrini
Mis en ligne par Olivier Monserrat-Robert