Christ Esabe est devenu grand

Partager cet article sur 
Retour aux actualités

Le 19 février, chez lui, aux Mureaux, le Français (11v) a conservé avec la manière son titre WBC francophone des plumes en dominant, par arrêt de l’arbitre (8e), l'Argentin Nicolas Nahuel Botelli (10 v, 6 d) à l’issue d’un combat d’hommes auquel il aspirait.

Dès sa montée sur le ring, la mue physique de l’Yvelinois sautait aux yeux. Doté d’un gabarit beaucoup plus musculeux et d’un buste en V, il donnait à avoir toutes les séances de physique effectuées à la salle, ces derniers temps. Ne restait plus qu’à les mettre à profit dans le carré magique, ce qui n’allait, dans un premier temps, pas se révéler une mince affaire. En effet, le Latino abordait les hostilités comme il le fallait. Soignant bien les moyens de défense aves ses mains hautes pour bloquer, il tirait le parti de son allonge supérieure en déployant à bon escient ses longs segments y compris à mi-distance mais sans prolonger inutilement les échanges, préférant se replier judicieusement en bon ordre pour mieux repartir. En face, le Français n’était, bien sûr, jamais dominé mais répliquait par à-coups, sans réellement chercher à enchaîner. Certes, l’exécution gestuelle était, comme toujours chez lui, un modèle du genre. Cependant, pareille parcimonie, quelque peu coupable, l’empêchait de prendre réellement l’ascendant.

Un peu frustrant quand on connaît les capacités et l’inspiration du Muriautin sur le ring. Il fallait attendre la quatrième reprise pour le voir prendre franchement et brillamment les reines de la confrontation. Comment ? Tout simplement en étant enfin lui-même, ce pugiliste si juste dans ses intentions et ciselé dans sa technique. Il se mettait en effet à devenir imprévisible dans ses actions et donc difficile à décrypter pour le Sud-Américain, handicapé par un œil gauche qui se fermait au fil des minutes à mesure qu’il était pris pour cible.

Instiller de la maturité dans sa boxe

Le Tricolore récitait sa partition sans fausse note. Crochets gauches dédoublés au corps puis à la face, uppercuts dans la cheminée, combinaisons en crochets de deux mains, feintes récurrentes pour rajouter de l’indécision, jabs jaillissants : Christ Esabe, le buste toujours en mouvement pour déclencher à la distance idoine ou pour esquiver dans le temps, était lancé dans un cavalier seul. Au fil de ce mano a mano, il prenait, à l’évidence, l’ascendant sur son rugueux contradicteur contraint de renoncer dans le huitième round, ne voyait plus tous les coups arriver. Une issue inéluctable qui ne devait rien au hasard mais bien au travail de sape savamment engagé par le Français.

Lequel a joint la parole aux actes, lui qui, avant la confrontation, souhaitait que l’on cesse de l’affubler du qualificatif petit en raison de son jeune âge et qui, pour cela, avait promis qu’il instillerait de la maturité dans sa boxe. « Le but était de consolider le match, expliquait-il au micro de Fight Nation. Mon coach m’avait demandé de commencer doucement pour construire la maison et arriver jusqu’au toit. Une fois que la toiture a été posée, cela a été le moment d’abréger. La préparation a été longue et duré quatre mois. Nous avons fait un boulot énorme. » Qui va continuer de payer.

Découvrez aussi
crossmenu
linkedin facebook pinterest youtube rss twitter instagram facebook-blank rss-blank linkedin-blank pinterest youtube twitter instagram