Le 11 novembre, à Orléans, le Tricolore (15 v, 1 d) s’est emparé de la ceinture WBC francophone des mi-lourds en venant à bout, aux points, à l’unanimité des juges (110-90, 99-91, 99-91), du Gabonais Yann Binanga (10 v, 1 n, 3 d). Un large succès qui l’a néanmoins contraint à s’employer.

Yann Binanga avait accepté de défier le frappeur nordiste. Un acte courageux qu’il a prolongé en lui faisant vaillamment face. Pourtant, les débats, au demeurant haletants, ont assez vite tourné à l’avantage du Français. Certes, c’est le Gabonais qui plantait les premières banderilles en essayant de passer par les grandes largeurs mais le médaillé de bronze olympique trouvait rapidement l’ouverture au visage. Plus précis et plus rapide, il martelait sous tous les angles le crâne de son rival. Ce dernier, formidable de vaillance, résistait et s’évertuait même à répliquer, ne serait-ce que sporadiquement. Il y parvenait en lâchant quelques droites que Mathieu Bauderlique prenait de plein fouet, faute de lever suffisamment sa main gauche.
Une nouvelle étape sur la route des sommets
Yann Binanga, lui, s’efforçait de ne pas baisser les siennes, en particulier en sortie d’attaque. Avec les moyens du bord, il était loin de faire de la figuration. Mieux, il se révélait suffisamment bon encaisseur pour s’autoriser des remises qui ponctuellement faisaient mouche, d’autant que l’ancien membre de la Team Solide ne réussissait pas à réprimer une perméabilité défensive coupable, a fortiori quand il faisait le choix d’aller au baston, comme disent les anciens. Mais, c’est bel et bien le champion de France des mi-lourds qui prenait l’ascendant, sa technique plus étoffée lui permettant de varier davantage les zones de frappe et de marquer plus de touches que son opposant du soir. Reste que lorsque le Nordiste accélérait et déclenchait une grêle de coups en désaxant, son vis-à-vis ne tombait ni même ne bronchait, mettant un point d’honneur à répondre du tac au tac comme si - presque - de rien n’était.

La donne de la confrontation n’évoluait guère même si, légitimement quelque peu émoussés par leur débauche d’énergie respective, les deux protagonistes cherchaient un second souffle et imprimaient moins de rythme dans les échanges. Pareil scénario profitait au protégé de Mohamed Nichane, légèrement plus précis et efficace, en particulier au corps. Conscient qu’il ne ferait pas tomber Yann Binanga, il opta pour la voie de la sagesse et temporisa dans les ultimes minutes, quitte à tourner, ce qui n’est pas forcément dans ses habitudes. Toujours plein de panache, son contradicteur ne se résigna pas pour autant et poursuivit ses offensives. Sa défaite sans jamais avoir rompu avait assurément valeur d’exploit. Et le succès de Mathieu Bauderlique de nouvelle étape sur la route des sommets.
« En pleine progression et psychologiquement de mieux en mieux »
« Mathieu a bien géré car il savait qu’il avait affaire à un boxeur solide, analyse John Dovi, manager général des équipes de France masculines. Il était bien sur les jambes et a utilisé ses appuis pour se mettre hors de portée de Binanga. Il a aussi montré qu’il avait un bon coup d’œil. Au début, il a essayé d’abréger les débats puis il s’est rendu compte qu’il valait mieux boxer. Ce n’est d’ailleurs pas plus mal d’avoir fait douze rounds. Il lui manque peut-être davantage de réflexion sur le ring afin de trouver quoi faire stratégiquement pour amenuiser les forces de l’adversaire, l’amener là où il veut et, justement, abréger le combat au lieu, parfois, de boxer pour boxer. Cependant, il est en pleine progression et psychologiquement de mieux en mieux. Il est parti s’entraîner au Canada et je pense que cela lui a fait du bien. Il est en train d’acquérir une autre conception de la boxe. Même s’il fait preuve de beaucoup d’envie, il faut lui laisser du temps. »

Toujours est-il que le Nordiste va très probablement abandonner son titre national pour se diriger vers un championnat de l’Union européenne qu’il abordera en confiance dans la mesure où il se ressent de moins en moins de sa main gauche longtemps blessée et récemment soignée, là encore, au Canada. Où il se rendra désormais pour préparer chaque échéance.
Par Alexandre Terrini
Mis en ligne par Olivier Monserrat-Robert
Crédit images - Asloum Event