Appelé à la dernière minute pour suppléer Anderson Prestot, l’Agathois (16 v, 4 n, 1 d) est allé au bout de l’aventure en s’emparant, le 11 octobre, à Orléans, du titre national des moyens après avoir dominé par arrêt de l’arbitre (7e) l’exemplaire Michel Mothmora (29 v, 2 n, 27 d).


Il y a des championnats de France qui reste au moins dans la petite histoire. C’est le cas de celui qui a mis aux prises Diego Natchoo et Michel Mothmora. Dans la nuit précédant le championnat de France, donc après que la pesée a eu lieu, le tenant, Anderson Prestot, a été contraint de renoncer à défendre son bien. Son fils venait en effet d’être admis à l’hôpital après avoir été victime de brûlures. Réglementairement, il a été automatiquement déchu de son titre, lequel pouvait échoir, sur tapis vert, à son challenger, Michel Mothmora. Mais ce n’est pas le genre de la maison. Ce dernier a accepté de le briguer sur le ring devant un challenger prévenu à la dernière minute. En l’occurrence, Diego Natchoo qui devait disputer, le 9 novembre, à Cahors, la ceinture continentale IBO des moyens mais qui, déjà affuté, a accepté de relever le défi au pied levé.





Un changement d’adversaire auquel Michel Mothmora faisait mine de ne pas accorder trop d’importance, conscient que son sixième championnat de France serait peut-être son ultime chance de décrocher enfin la timbale. Il partait donc vaillamment à l’abordage, axant l’essentiel de son travail au corps. Des velléités qui n’impressionnaient nullement le Sudiste. La garde bien haute, Diego Natchoo bloquait l’essentiel des offensives adverses mais, surtout, se montrait le plus précis quand il s’agissait de remiser. Plus rapide de bras, ses gauches en contre faisaient merveille et… des dégâts. Sur l’une d’elles, il touchait d’ailleurs de plein fouet, au menton, le Blésois qui était compté après être allé au terre dans le deuxième round. Ce dernier se relevait gaillardement et se faisait de nouveau cueillir, cette fois sur une droite. Mais il en fallait plus pour le faire renoncer et il repartait à l’assaut comme si de rien n’avait été.
Michel Mothmora, ce Phénix
Le protégé des Patrac’s Brothers avait l’intelligence de ne pas confondre vitesse et précipitation. En dépit de son avance, il ne se découvrait pas inconsidérément, donnant son jab à profusion sans négliger ses uppercuts. En revanche, au lieu de continuer à imprimer des variations de rythme et de miser sur sa vitesse, il se montrait un peu trop attentiste, quitte à laisser son rival récupérer et revenir dans la partie. En outre, il procédait trop sur un coup au lieu de chercher à enchaîner. Si bien que ce qui devait arriver arriva dans le quatrième opus : Michel Mothmora se rebiffa et toucha l’Héraultais d’une droite magistrale. Mais ce dernier ne vacilla point et répliqua au contraire sur le même mode. S’en suivi un mano a mano haletant, les deux duellistes goûtant aux délices du à toi, à moi.





Michel Mothmora donnait néanmoins l’impression de n’être pas très loin du bout du rouleau avant de ressurgir magistralement tel un Phénix que l’on eût enterré trop tôt. Il relançait inlassablement la machine avec l’énergie du désespoir et l’abnégation qu’on lui connaît. En face, Diego Natchoo faisait trop souvent fi des injonctions de son coin qui lui demandait d’être plus actif et, surtout, de suivre ses actions une fois qu’il avait trouvé l’ouverture. En somme, d’exercer un pressing plus intense qui lui permette de faire la différence pour de bon. Dès qu’il s’y employait, il malmenait réellement son rival qui se retrouvait encore deux fois au sol dans la septième reprise. C’était au moins une fois de trop et l’arbitre décidait logiquement de mettre fin à la confrontation.
« Ce soir, on l’a vraiment découvert »
« J’ai fait le taf, expliquait, dépité, le vaincu. Après, on a les mains un peu basses, des coups arrivent, on les prend, on les encaisse, on a envie de continuer… J’avais encore de la ressource. Je n’ai pas réussi à m’adapter. J’ai perdu et bien perdu. Je ne cherche pas d’excuse mais je m’étais entraîné deux mois et demi en fonction d’un autre adversaire. Je suis sport, peut-être trop gentil, mais c’est ma nature et l’on ne me refait pas. J’en fais les frais. C’est la loi du sport. »





« Diego a fait ce qu’il fallait, commentait, de son côté, son coach Frédéric Patrac. Ce soir, on l’a vraiment découvert. Chez nous, on ne refuse personne. Avec un peu plus de préparation, il aurait pu faire encore mieux. La stratégie consistait à mettre du rythme et à boxer en contre. Il faut qu’il apprenne à donner plus de coups et à moins chercher le coup dur. » Des conseils que ne manquera pas de suivre l’intéressé qui, selon ses propres mots, n’arrivait pas à croire qu’il était désormais champion de France. Et d’avouer avec pudeur : « C’est un rêve d’enfant ». Devenu réalité.
Par Alexandre Terrini
Mis en ligne par Olivier Monserrat-Robert
Crédit images - Asloum Event