Absent des rings pendant plus d'une année, Sofiane Takoucht tente un coup de poker, ceinture IBF-Internationale en jeu samedi soir au Pays basque.

Sofiane Takoucht, Frédéric Perez et Jean Molina : trois conquistadors au Pays basque
De Marignane à Bilbao, Sofiane Takoucht a hérité d'un billet d'avion qui l'a fait transister par... Munich. Sacré détour avant un championnat international IBF qui peut permettre à Baby Face de prendre un tout aussi sacré raccourci... L'occasion est donnée au double champion d'Europe (EBU-EU) des plume disparu de tous les classements de se replacer - sur un coup - dans le top 10 IBF, fédération dans laquelle il a déjà disputé une demi-finale mondiale. L'enjeu est à l' aune du challenge un peu fou (mais pas sot) que se lance l'Ardennais après plus d'une année d'inactivité totale... Derrière cette tentative de « coup fin », deux hommes : Jean Molina et Frédéric Perez qui ont certres récupéré un garçon hors de forme mais dont ils connaissent le niveau et le potentiel. Banco à Bilbao : voilà résumé le défi d'une affiche baptisée winter on fire (l'hiver en feu) par MGZ Promotion. La question des 12 rounds (sans le moindre combat de préparation) est balayée par Frédéric Pérez : « Sofiane a prouvé qu'il tenait la distance à l'entraînement où il a fait des 12 rounds et face à trois adversaires qui se sont relayés. Il y avait du sang frais en face et nous avons choisi des garçons plus lourd, plus costaud et qui rentrent dedans ».
L'ancien champion de France fait référence au style du tenant espagnol Andoni « El Macho » Gago, présenté par Jean Molina « comme un taureau » : « Ce sera à Sofiane de jouer les toreadors », lance-t-il. « Jeannot » s'attend à une entame bille en tête. Qui va obliger Baby Face à s'arcbouter pour nourrir l'espoi de faire parler une technique plus élaborée dans un second temps. « Le gamin, c'est un petit renard, un malin (*). On n'a rien à lui apprendre ». Sauf peut-être « à faire plus mal » que lors de ses deux combats perdus aux points face à Alex Miskirtchian. « Je le trouve plus méchant. A la salle, il a fait mal sur quelques coups », assure le prévôt du Ring Olympique de Marseille. Le travail de Jean Molina et de Frédéric Pérez a été autant physique que psychologique. Touché par le deuil de son père Brahim à l'automne 2015, épuisé par son travail de nuit au café familial qu'il a repris, Sofiane Takoucht sait d'où il revient : pas très loin de l'enfer... « Il est redevenu bien dans sa tête ; il mange bien, il dort bien depuis qu'il est avec nous ». Jean Molina a joué le rôle du (grand ?) père et Frédéric Perez celui de grand frère. Ces trois-là se sont isolés dans leur bulle. Cette bulle dont le tempérament de Sofiane Takoucht a besoin... Baby Face n'a jamais été l'homme des mots, même s'il est un fan des dialogues d'Audiard et de sa fameuse « Lulu la nantaise ». Le Carolo, père de famille, patron de bar, a juste mûri. Et il est sorti indemme physiquement de sa traversée du désert : « Il est resté au poids. Il n'y a eu que 200 ou 300 g à perdre avant la pesée », constate « Fredo », rejoint par Jeannot : « On l'a retrouvé sans un gramme de graisse ». Un autre élément pourrait peser dans la balance : Andoni Gago vient de disputer il y a deux mois un combat pour la ceinture inter-continentale IBF (soit un cran au-dessus de celle qu'il porte). Les douze rounds qu'il a livrés à Bucarest face au redoutable roumain peuvent avoir laissé des traces... Ce pari n'est peut-être pas si « loco » : « De toute façon, quel que soit le résultat, la carrière de Sofiane ne s'arrêtera pas là. Ce combat, c'est juste une chance inespérée », prévient Jean Molina.
(*) Jean Molina et Frédéric Perez ont été un peu indisposés après avoir mangé dans un petit restaurant qui leur avait été recommandé. Méfiant, Sofiane Takoucht avait préféré faire des courses en ville...
Jean-Pierre Prault et Olivier Monserrat-Robert