Samedi 15 avril, à Deauville, Zakaria Attou (25 v, 2 n, 6 d) a difficilement conservé (116-113, 115-113, 113-115) son titre de l’Union européenne des super-welters face au fougueux Maxime Beaussire (23 v, 1 n, 1 d) grâce à sa science du ring et en se montrant meilleur boxeur.

Dès le coup de gong libérateur, Maxime le Conquérant Beaussire faisait honneur à son surnom en étant fidèle à lui-même et en enclenchant la marche avant sans discontinuer. Sachant à quoi s’attendre, Zakaria Attou donnait son jab du gauche, remisait en uppercut et se montrait solide. Jusqu’à ce qu’il se fasse toucher par un crochet du gauche qui l’ébranlait et lui faisait vivre une fin de premier round aux allures de calvaire. Mais, en dépit de son pressing, le challenger ne réussissait pas à conclure. Beaucoup plus puissant même s’il avait parfois, malgré lui, la tête un peu trop en avant, il imposait un défi physique à mi-distance au tenant qui avait du mal à se défaire de cette étreinte. Mais quand il y parvient, comme dans la troisième reprise, ses cross du droit faisaient mouche même si le Normand encaissait sans broncher.
Au fil des minutes, la donne de la confrontation se figeait. Plus précis, plus rapide et meilleur techniquement, Zakaria Attou était en revanche moins actif tandis que Maxime Beaussire se montrait certes toujours aussi entreprenant mais avait de plus en plus tendance à confondre vitesse et précipitation et à se jeter dans une bataille qui, hélas pour lui, ne se limitait pas à une simple épreuve de force. Moins tranchant car moins explosif au fur et à mesure que la confrontation se prolongeait et, surtout, trop prévisible, il abusait des coups larges. Il semblait également payer au prix fort le fait de n’avoir jusque-là jamais disputé de duel en douze rounds.
Des sommets d’intensité et des irrégularités récurrentes
Du pain bénit pour le champion qui ne se laissait plus enfermer. Au contraire, lui faisait valoir son métier, décalant à souhait, contre-attaquant le plus souvent de manière chirurgicale, accrochant aussi parfois pour casser le rythme imprimé par son jeune contradicteur. Cependant, un nouveau coup de théâtre survenait dans la neuvième quand l’Yvelinois était quasiment envoyé sur les talons. Heureusement pour lui, il avait la lucidité nécessaire pour temporiser quelque peu et rester debout d’autant que le Normand, toujours aussi volontaire, ne trouvait pas les ressources nécessaires pour enchaîner et délivrer les coups fatals. Le duel atteignait des sommets d’intensité malgré des irrégularités récurrentes qui obligeaient l’arbitre, Christophe Fernandez, à intervenir plus que de raison.

Néanmoins, Maxime Beaussire, plus frais physiquement mais perméable défensivement, tentait de forcer la décision en multipliant les accélérations parfois brouillonnes quand son rival puisait au plus profond de lui-même pour asséner, avec son bras arrière, les contres susceptibles de lui permettre de conserver sa ceinture. A l’issue de l’ultime coup de gong, le sentiment dominant était que Zakaria Attou ne méritait pas d’être dépossédé de son bien ni son adversaire de s’incliner. La décision partagée qui donnait le tenant vainqueur d’une très courte tête traduisait bien cette ambivalence.
Elle n’empêchait toutefois nullement Zakaria Attou de savourer sa joie au micro de L’Équipe 21 : « Je suis fier de moi. Cette victoire est le fruit d’un travail de longue haleine. La boxe, c’est le noble art et non pas seulement avancer en donnant des coups. J’ai fait ce qu’il fallait pour l’emporter. J’ai su le gérer et le manœuvrer. Cela s’est joué à l’expérience et j’ai montré que c’est moi le numéro un. » Ce dont n’était visiblement pas persuadé le vaincu qui estimait avoir été lésé sur les bulletins des juges.
Par Alexandre Terrini
Mise en ligne par Olivier Monserrat-Robert