L’Aztèque Saul Alvarez a battu par décision majoritaire le Kazakh jusqu’alors invaincu Gennady "Triple G" Golovkin, la nuit dernière à Las Vegas (Nevada), pour conquérir les titres des poids moyens de la World Boxing Association (WBA), dans sa version « super », et du World Boxing Council (WBC).

Au terme des douze rounds de ce duel très serré et intense, présenté comme le combat de l'année, voire de la décennie, Dave Moretti et Steve Weisfeld (115-113) ont penché pour Alvarez (27 ans ; 1,73 m ; 50 victoires, dont 34 expéditifs, 1 revers contre Floyd Mayweather Jr., 2 nuls), surnommé "Canelo" en référence à sa chevelure rousse, tandis que Glenn Feldman (114-114) a renvoyé les deux hommes dos à dos. Le Mexicain est le premier à faire plier Golovkin (36 ans ; 1,79 m) - qui vit à Los Angeles en (Californie) - chez les rémunérés, dont le palmarès comptait jusque-là 38 succès, dont 34 avant la limite, et un nul.

Il n’y a eu ni justice ni injustice dans Golovkin vs. Alvarez II. Après douze autres rounds intenses, émotifs et historiques, la victoire est revenue à Alvarez, mais le résultat semble passer au second plan et devrait être considéré comme une anecdote qui une deuxième fois divisera les uns et les autres. Le doute persistera toujours, mais au-delà de cette controverse, le plus important est la bataille épique que nous ont offerte Gennady Golovkin et Saul Alvarez. Ce combat a eu tous les ingrédients pour captiver du début à la fin, comme nous le supposions à l’avance, et a réussi à nous surprendre, alors que nous espérions une surprise. Une bataille distincte à l’antérieure, où a été aussi important le travail des deux boxeurs que celui des coins. Ça été une « guerre » de stratégies, mais également un choc de styles, un défi au contrôle mental, à la résistance physique, à l’assimilation et aux risques calculés. Dans ce jeu d’échec, Alvarez s’est montré le plus surprenant, et c’est dans cette surprise qu’il a commencé à gagner la « bastonnade ». Golovkin n'était pas l'habituel Golovkin et cet état d'intermittence était dû au plan parfait de "Canelo". Ce plan a équilibré la confrontation, ce qui nous a obligés à imaginer un nouveau nul. Un verdict qui aurait pu être possible, comme également aurait pu être possible une victoire de "GGG". Lorsqu’un combat serré est laissé à l’appréciation des juges, nous devons accepter tous les résultats. L’appréciation ne respecte ni les fans ni les désirs.
Les raisons de la victoire
Alvarez a dit qu’il prendrait des risques et il l’a fait. Dès le premier round. Il a occupé le centre du ring et n'a eu aucun respect pour la puissance de Golovkin. Avec des coups puissants au corps et à la face. Lors de la deuxième reprise, le Kazakh avait la pommette enflammée et dans la suivante il cherchait déjà son second souffle. Et ce n’est pas tout, puisque à chaque salve de coups à la zone médiane de "GGG", celui-ci se pliait, baissait le coude droit et souffrait de l'attaque. La réaction du champion est arrivée dans le quatrième segment, où il a touché au visage Alvarez avec un violent uppercut. Golovkin, dont l’insistance de son direct a commencé à donner des résultats, a également coupé Alvarez, qui saignait du nez. Lors des actes suivants, il y a eu de bons moments d’échange. Chaque round qui s’achevait était un doute de plus pour ceux qui aiment estimer un vainqueur selon les coups lancés où ceux au but. Il était impossible de définir les gagnants en prenant ces modèles. Le final nous a donné raison. À l'issue du duel, de la même manière que dans la bataille antérieure, "Triple G" a une nouvelle fois donné plus de coups, mais une nouvelle fois "Canelo" s’est montré le plus efficace. Les différences substantielles, peut-être, étaient dans le contrôle des débats. Le natif de Guadalajara a eu plus de temps ce contrôle effectif, c’est-à-dire, en mettant la pression et en lançant les meilleurs coups. Ses frappes puissantes arrivaient aussi à destination et le sieur Golovkin, qui n’est pas parvenu à user son vis-à-vis, comme il en a l'habitude, a grimacé plus d’une fois. Et c’est bien le Kazakh qui a fini par s’accrocher et éviter le toi à moi. Le Mexicain s’est vu puissant et Golovkin s’est montré par moments vulnérable. Là il a commencé à gagner le combat. Quand les rounds sont si serrés, l’attitude est généralement un composant basique pour convaincre les juges, de même que le boxeur qui a remporté la photo-finish du round, celui qui a donné le meilleur coup, celui qui a blessé, commotionné ou changé le cours de l’épisode. Dans cet aspect, Alvarez a fait très attention en renvoyant tous les coups adverses et en général, en absorbant chaque frappe de "GGG" sans se montrer touché. "Canelo » a également remporté la bataille du physique. Ce sont des éléments qui en général, comptent moins à l’heure des décomptes des pointages, mais c’était un combat fermé et cette fois ils ont compté. L’autre raison d’énorme valeur, a été le travail tactique. Ça s’est vu clairement qu’Alvarez avait bûché de meilleure manière la tactique prévue et de quelle manière il a abordé et parfaitement respecté le plan de combat, tandis que Golovkin a été surpris très tôt et n’a pas eu un plan B adéquat.
Les raisons de la défaite
Gennady "Triple G" Golovkin a 36 ans et sa carrière est en léger déclin depuis quelque temps déjà. Sa capacité d’assimilation et son état physique sont un mérite à cet âge, mais devant un adversaire huit ans plus jeune ça pèse beaucoup. Il n’a pas eu la capacité de dominer le ring et il a manqué de condition pour châtier avec ses coups puissants. Saul "Canelo" Alvarez l’a maintenu occupé tout le temps, a cassé son équilibre mental et l’a obligé à travailler en territoire hostile. Le duel s’est compliqué pour lui et il n’a pas su résoudre l’équation. Ainsi l’ont vu les juges qui lui ont octroyé la victoire. Certains ne seront pas d’accord, mais les différences dans ce point de vue tombent dans la marge d’erreurs élémentaires de n’importe que duel serré. Le succès était pour n’importe qui, mais c’est l’Aztèque qui l’a remporté. C’est vrai qu’Alvarez a beaucoup manqué, c’est vrai qu’il a ralenti dans certains cas et c’est vrai qu’il a été trop frontal à l’heure de chercher à punir "GGG". Cependant, quand il a réussi à connecter ses crochets, il l'a fait d’une meilleure manière et son direct était parfois plus efficace que celui de son rival. Pour finir, ce combat marquera clairement un avant et après pour beaucoup de choses. En premier lieu, si Golovkin ne réclame pas un troisième combat, il ne restera pas chez les poids moyens. Depuis la nuit dernière, l'homme à battre est "Canelo". Il a gagné ce droit et son futur pugilistique s’annonce magnifique. La grande question est la suivante ? Va-t-il unifier contre les autres monarques ? Va-t-il tenter enfin d’écrire l’histoire en affrontant et en battant les meilleurs ? Son legs lui impose cette obligation, mais le futur n’est pas écrit. Mais pour le moment il y a un présent énorme et dans ce scénario Saul "Canelo" Alvarez est redevenu champion lors d’un combat qu’il aurait pu perdre ou partager, mais ce fut une victoire totalement légitime !

"J'ai démontré que j'étais un boxeur qui appartenait à l'élite, c'est un grand boxeur, mais ses coups ne m'ont pas fait mal", a affirmé Alvarez en espagnol après le combat. Avant d'envisager un troisième combat contre Golovkin qui détenait le titre WBA depuis fin 2010 : "Si les gens le réclament, je suis prêt", a-t-il promis.