Personnage haut en couleur, cette icône de la boxe varoise et plus particulièrement toulonnaise a tiré son ultime révérence, le 23 janvier, vaincu par la maladie, à soixante-seize ans.
Alain Ruocco, c’était avant tout l’authenticité des mots et de l’action. Un homme entier avec toute la générosité et la force de vie qui en sont les corollaires. Il était entre seize cordes comme en dehors : à la fois dur au mal, intransigeant et infiniment humain. Rien ne l’effrayait et il n’avait pas besoin de se faire prier quand il fallait aller au baston. Courageux, volontaire, endurant : autant de qualités qui lui avaient permis d’être sélectionné en équipe de France amateur, de disputer les championnats d’Europe en 1969, puis de mener une carrière professionnelle plus qu’honorable (29 v, 1 n, 8 d). Son principal fait d’armes fut d’avoir détrôné, un soir d’avril 1978, le champion de France des welters, un certain Louis Acariès. Le second fut de ne refuser personne, aussi bien en combat qu’à la salle, lui qui fut le sparring-partner de l’immense Rodrigo Valdès, pas un tendre non plus, et qui défia la terreur yougoslave Marijan Benes, futur champion d’Europe des super-welters.

La franchise plutôt que le mauvais compromis
Les arcanes du noble art n’avaient pas de secret pour lui. Il en endossa divers habits, ceux de manager, d’organisateur et d’entraîneur. D’abord de son fils Marc (battu en championnat d’Europe des super-welters par l’Italien Gianfranco Rosi, en 1987, à Cannes) mais aussi de Varois qu’il mena au sommet, à l’image de Jérémy Parodi (champion de France des super-coqs et triple challenger européen), de Daniel Bicchieray (champion de France des welters et challenger européen) et de Frédéric Sellier (champion d'Europe des super-moyens et deux fois challenger mondial).
A chaque fois, sa ligne de conduite fut identique : protéger davantage ses élèves que lui ne l’avait été, les faire progresser pas à pas pour qu’ils ne se consument sur l’autel du profit et du boxing-business. Il était, à sa manière, un intarissable serviteur du noble art qui faisait prévaloir la franchise sur le mauvais compromis.
La Fédération française de boxe et son Président, Dominique Nato, présentent leurs condoléances les plus émues à sa famille.