Le 27 janvier, la Fédération française de boxe a récompensé le parcours d’homme autant que la carrière de pugiliste de l’ancien multiple champion de France et d’Europe des super-plumes (37 v, 13 d). Un palmarès forgé entre 1996 et 2003, à force d’abnégation et marqué par un avènement sur le tard, à l’approche de la quarantaine. Pour ce qu’il est et pour ce qu’il a accompli sur et en dehors des rings, le Normand s’est vu décerner la Ceinture prestige, la première du genre.
Affif Djelti, c’est d’abord un éternel amoureux du noble art, un champion qui l’a été et qui l’est resté au quotidien par son altruisme, sa générosité et son hygiène de vie, lui qui porte beau et qui a conservé un physique de jeune premier. C’est en smoking et visiblement ému qu’il s’est vu remettre à quatre mains, par André Martin et Dominique Nato, respectivement Président et vice-Président de la FF Boxe, une Ceinture prestige. Un trophée, si l’on peut la désigner comme tel, qui vise à distinguer ceux qui ont servi la discipline tant par leurs exploits gants aux poings que par leurs faits et gestes dans leur existence de citoyen, une fois redescendus du carré magique.

La Fédération entend honorer les anciens qui ont valeur d’exemple
A l’origine, Affif Djelti désirait simplement acheter une ceinture de champion de France pour la beauté de l’objet car son nouveau design l’a séduit. Pour cela, il a contacté Dominique Nato afin de savoir quelle était la marche à suivre. Le vice-Président de la FF Boxe a alors suggéré à André Martin de donner un sens et un panache supplémentaires à la démarche en offrant ladite ceinture en guise de reconnaissance de cet itinéraire méritant. Une initiative appelée, en quelque sorte, à faire florès et jurisprudence. La Fédération entend en effet honorer les anciens qui ont valeur d’exemple et de référence, en particulier pour les jeunes générations appelées à leur succéder.
Dans son discours, André Martin n’a pas oublié de rappeler qu’il avait lui-même organisé, en avril 1994, à Compiègne, un combat du lauréat face au Picard Farid Benredjeb, lequel s’était au demeurant incliné aux points. Par la suite, Affif Djelti avait patiemment gravi les échelons, national puis continental et enfin, planétaire en s’emparant de la ceinture IBO de la catégorie en 2001. Au point de « faire briller les couleurs de la France partout », a insisté le Président de la FF Boxe.

"La France nous a donné beaucoup. C’est un pays formidable"
Dominique Nato, lui, a souligné « les valeurs que véhicule un boxeur et un homme d’exception ». Tout est dit ou presque sur le Normand dans un livre écrit par Alain Scherrer et dont le titre résume à lui seul l’itinéraire autant que la philosophie de vie : « La ceinture dorée - Histoire d'une intégration à la française, Affif Djelti, fils de harki, champion du monde de boxe ». On y découvre la maxime qu’a fait sienne l’intéressé : « Ne cherche pas à détruire, si tu veux gagner, construis ta victoire ».
« Je suis très touché par le geste de la Fédération. Cela me fait extrêmement plaisir car c’est très valorisant. Le secret de ma réussite a été le mental. On a tellement fait croire aux harkis qu’ils n’étaient rien du tout que j’ai voulu montrer que ce n’était pas vrai. C’est dans la tête que ça s’est joué. Je suis arrivé dans l’Hexagone en 1964. La France nous a donné beaucoup. Franchement, c’est un pays formidable. J’aimerais lui donner en retour », assure Affif Djelti. Employé par la Mairie de Rouen, il aspire à avoir sa propre salle pour faire partager son savoir et son éthique. A cette louable fin, il a sollicité les pouvoirs publics qui tardent à donner suite à sa demande. En attendant, il professe çà et là dans plusieurs clubs de la région dans l’espoir de disposer prochainement d’une structure dont il soit le seul maître à bord. Il le vaut bien.
