Le 22 juin, chez lui, à Pont-Sainte-Maxence, le Picard (20 v, 3n, 4 d) a remporté son neuvième championnat de France de moyens en écœurant physiquement le tenant, Kamel Abdesselam (16 v, 1 n, 11 d), battu aux points, à l’unanimité des juges (98-90, 97-91, 96-92). Le voilà définitivement relancé après un an d’inactivité forcée.

Même s’il se défendra d’avoir été mû par une quelconque rage et, encore moins, par un sentiment de revanche inextinguible, Karim Achour démarrait pied au plancher, avançant le mors aux dents tout en imprimant un maximum de puissance à chacune de ses offensives. Au point de ne pas être toujours suffisamment délié et de voir un grand nombre d’entre elles aisément bloquées par son contradicteur. Lequel ne se laissait nullement démonter ni submerger par la tornade qui s’abattait sur lui. Au contraire, la garde bien haute, le sociétaire du CSL Aulnay-sous-Bois tournait quand il le fallait, donnait son jab et remisait en uppercut.

De son côté, le challenger continuait son pressing aux allures de travail de sape mais, dans un premier temps, sa débauche d’énergie ne se traduisait pas par un ascendant très net. Grâce à sa lucidité, Kamel Abdesselam se montrait même plutôt à son avantage en ne s’exposant pas et en délivrant des directs du gauche ainsi que des séries des deux mains qui faisaient mouche. Certes, Karim Achour était le plus actif mais pas forcément le plus précis, ses crochets atteignant plus facilement leur cible au corps qu’à la face. Et, dans la quatrième, c’était Francilien d’adoption qui prenait son opposant à son propre jeu et lui tenait la dragée haute lors de l’épreuve de force que le local s’efforçait de lui imposer. D’autant qu’en se démultipliant avec la générosité qu’on lui connaît, le Pontois se découvrait et encaissait des gauches.
Conquérir le titre européen
Mais à la mi-combat, dans la chaleur étouffante de la Salamandre, la donne changea imperceptiblement puis franchement et enfin, définitivement. En effet, dans la sixième reprise, le champion cherchait à l’évidence un second souffle, asphyxié par le rythme effréné imprimé par son rival, au point de lui tourner carrément le dos et de se faire sermonner par l’arbitre. Un scénario qui se reproduisit plusieurs fois jusqu’à la fin de ce duel palpitant. Exténué, Kamel Abdesselam allait au bout de lui-même avec pour seul objectif de tenir la limite quand Karim Achour, porté par un public évidemment tout acquis à sa cause, accélérait implacablement sans se désunir ni confondre vitesse et précipitation. Visant le bas pour atteindre le haut, la plupart de ses coups de massue faisaient désormais mouche. A bout de force, le visiteur, touché à la mâchoire mais également épuisé, était compté dans la huitième. Rebelote dans la neuvième. Sa ténacité méritante lui épargna un revers avant la limite pour son ultime sortie entre seize cordes puisqu’une fois entérinée sa défaite, il annonça, avec beaucoup de pudeur et de dignité, qu’il mettait fin à sa carrière pour se consacrer à sa famille.

Karim Achour pouvait exulter mais se gardait bien de tout triomphalisme, avouant simplement une immense de fierté pour lui-même et les siens. Pour son entraîneur, Giovanni Boggia, il ne fait aucun doute que son élève a retrouvé son meilleur niveau : « Karim s’était promis d’imposer un gros défi physique et c’est ce qu’il a fait face à Kamel Abdesselam qui est un bon boxeur et qui réussissait tout ce qu’il entreprenait. Karim est un homme de parole, doublé d’un boxeur très travailleur et courageux. Il est revenu là où il en était. Il va reprendre le cours de sa carrière. Il a remontré qu’il est le meilleur Français de la catégorie. A présent, il va donc essayer de conquérir le titre européen car il le mérite. »
Par Alexandre Terrini
Mise en ligne par Olivier Monserrat-Robert
Crédit photo : Denis Boulanger - Presse Sports