A. Meksen à l'anglaise

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Issue du pieds-poings, la Francilienne (2 v) a été sacrée championne de France des super-coqs en dominant aux points, à l’unanimité des juges (trois fois 80-72), Fatima El Kabouss (2 v, 4 d), le 14 décembre, à Levallois, à l’issue de son deuxième combat professionnel. Tout sauf un hasard.
 
 
Elle le dit elle-même, le ring est son terrain de jeu. Elle s’y sent si bien que peu lui importent les modalités de la confrontation. Superstar planétaire du pieds-poings, la Nanterrienne d’adoption entend donc élargir sa palette de combattante multicarte. Autant par goût immodéré de la chose que par souci de complémentarité, les acquis techniques dans la pratique chère à feu le marquis de Queensberry pouvant s’avérer profitables dans d’autres disciplines. Sollicitée par le promoteur Sébastien Acariès pour se tester une première fois, la Lorraine avait réussi son examen de passage, le 22 avril dernier, à l’Astroballe de Villeurbanne, en battant aux points la Roumaine Gabriella Mezei. Elle a donc décidé de remettre le couvert à Levallois, cette fois pour le titre national des super-coqs.
 
« Toute nouvelle, toute fraîche »
 
Autant le dire, la néo-pro… aguerrie a tenu son rang autant par sa maîtrise technico-tactique que par l’absence de déchet dans sa boxe. Certes, son bagage spécifique au noble art demeure limité mais pas rudimentaire. L’intéressée ne l’ignore pas, elle qui se sait « toute nouvelle, toute fraîche » en anglaise. Alors, bien sûr, la palette est incomplète, les appuis encore trop aériens, la distance pas toujours optimale, les enchaînements rudimentaires… Mais les attitudes, les postures toujours bien en ligne et jamais désordonnées, la justesse gestuelle ou encore, la capacité à ne pas s’écarter du plan de bataille prévu augurent une sérieuse promesse d’avenir.
 
 
 
Outre le fait d’avoir pris le meilleur départ devant la Val-d’Oisienne, Anissa Meksen s’est montrée, dix rounds durant, très esthétique tant dans ses déplacements que dans ses offensives. Bien en ligne, donnant son bras avant à satiété, elle a travaillé simplement mais efficacement avec des séries de deux coups destinées à lui permettre de passer sa droite. Vigilante en défense, les mains bien hautes, elle a annihilé sans difficulté les rares attaques de sa rivale.
 
En effet, prise par l’enjeu, Fatima El Kabouss a une nouvelle fois perdu une partie de ses moyens, si bien qu’elle a eu trop tendance à subir et à en garder sous le pied. Gênant quand on rend dix centimètres à son opposante du soir et que l’on est contrainte d’avancer pour casser la distance dans l’espoir d’enrayer la mécanique adverse. Pas suffisamment active, elle n’a donc jamais pris l’ascendant dans les échanges, lesquels ont pourtant été loin d’être d’une grande intensité. Un rythme parfait pour Anissa Meksen qui a rondement mené sa barque en gérant son effort avec une appréciable constance au fil des reprises tout en tirant le meilleur parti de sa plus grande rapidité gestuelle et de sa supériorité technique. Certes, lorsque son coin lui a demandé d’accélérer et de durcir le duel pour creuser l’écart, elle a parfois semblé peiner à le faire même si ses crochets courts au visage trouvaient plus souvent leur cible que ceux de Fatima El Kabouss.
 
« Adopter les attitudes propres à l’anglaise »
 
Laquelle, se sachant menée, se résolvait enfin à être plus entreprenante mais avait quelque peu tendance à confondre vitesse et précipitation. Non seulement, elle se faisait fréquemment contrer par les gauches d’Anissa Meksen mais la plupart de ses coups étaient judicieusement parés parce que trop prévisibles. Ce que déplorait son coach, Bob Sita : « Fatima n’a pas assez travaillé. Elle boquait mais elle oubliait de remiser. Il faut juste que psychologiquement, elle arrive à faire sauter certains verrous. » Ceux qui ont empêché la sociétaire de Cormeilles-en-Parisis de se libérer, elle qui ne désaxait jamais ni en avançant ni en reculant. De surcroît, elle ne délivrait quasiment pas les uppercuts susceptibles de refreiner les ardeurs de la Nanterrienne qui, dans ces conditions, n’était guère inquiétée quand elle prenait l’initiative.
 
 
 
Avec, à la clef, un verdict logiquement sans appel. Une victoire sans discussion qui a bien sûr comblé d’aise Benoît Mateu, entraîneur de la nouvelle championne de France : « Je suis très content de sa prestation. Elle s’est vraiment bien débrouillée, aussi bien défensivement qu’offensivement. Je l’ai trouvée à l’aise, en forme et élégante. On va faire encore plus de spécifique pour qu’Anissa adopte les attitudes propres à l’anglaise. Quitte, pour cela, à aller mettre les gants dans d’autres teams. » Avec l’Europe en point de mire d’ici moins d’un an.
 
Par Alexandre Terrini
 
Mise en ligne par Olivier Monserrat-Robert
 
Crédit photo : Karim de la Plaine
 

 

 

 

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