La formation des cutmen nationaux est dans sa troisième année d'existence, Laurent Boucher et Franck Romeo, concepteurs et techniciens de cet ambitieux projet, reviennent sur l'évolution passée et future de la FCN.
Pouvez-vous nous faire un retour sur la dernière session de Royat ?
L.B. : La dernière session de formation qui s’est déroulée à Royat a été impulsée par Momo Gharbi du Royat Boxing Club. Ce dernier avait participé à la toute première formation à Saint-Denis en 2019. Il avait à cœur de faire venir la FCN dans la région d'Auvergne, pour permettre aux différents acteurs des clubs régionaux de se professionnaliser sur ce métier.
Des champions comme Hacine Cherifi, Angel Mona et de nombreux coachs, dont Stéphane Cazeaux, venu de Saint-Nazaire ainsi qu’un stagiaire venant de la Guadeloupe !, ont pris un réel plaisir à partager leurs expériences durant le week-end, ils se sont montrés très attentifs pour approfondir leurs connaissances sur la fonction de cutman.
F.R. : Suite au reportage immersif paru dans l’Equipe magazine (6 pages), France 3 Télévision Auvergne a souhaité venir faire un reportage vidéo pour mettre en lumière cet évènement régional. Nous sommes toujours ravis de voir l’engouement que peut susciter nos formations auprès des différents médias. (Article La Montagne).

Comment se passe la cohabitation (boxe, arts martiaux mixtes, boxe pieds-poings) entre les participants venus d’horizon différents ?
F.R. : La provenance différente des participants rend chaque session très enrichissante. En effet, chaque discipline comporte son lot de particularités, tant par les différences des règlements, que par l’environnement d’intervention. Cela nous permet d’aborder les aspects du métier dans sa globalité, la demande de formation est forte dans beaucoup de sports de combats.
L.B. : Tous les profils sont présents. Nous avons eu des médecins et kinés, ostéopathes de l’INSEP, Juges/Arbitres des différentes disciplines des sports de combat, infirmiers(ères), des cadres techniques de la FFB, des coachs venant du MMA de la boxe française et Thai également ainsi que de grands noms de la boxe anglaise comme Christophe Tiozzo, Julien Lorcy, Hacine Cherifi, Nadjib Mohamedi, Angel Mona, Frederic Perez, Christophe Tendil et Saïd Bennajem, et chaque vision permet d’enrichir les échanges, tout en multipliant les contacts entre les participants.
Le docteur de la FFBoxe, Amine Mokhtar Benounane est même intervenu sur certaines formations pour apporter son expérience et son analyse dans les relations médecin/cutman.
Primordial de pouvoir acquérir de l’expérience en condition réelle.
Qu’avez-vous appris de ces sessions de formation ?
L.B. : Il y a eu énormément de choses apprises entre la première session fin 2019 et aujourd’hui (Royat était la 13ème). Nous avons vite constaté qu’il fallait accentuer la pratique, et limiter la théorie, notamment sur les soins. Nous avons donc ajusté le temps de formation pour laisser une place plus importante à l’entrainement, avec des exercices de mise en situation pratique, et chronométrés, pour essayer de reproduire les conditions les plus proches de la réalité .
Nous avons aussi accentué les analyses vidéo, que les participants apprécient tout particulièrement. Ces contenus sont variés, et d’actualité (certains combats datent de 2021) et permettent aux participants de se projeter en situation réelle, en observant la vitesse d’exécution nécessaire lors d’une minute de repos. Des images valent parfois mieux que des mots.
F.R. : Nous avons également mis en place un questionnaire de satisfaction, pour récolter les impressions de chaque participant, connaître les attentes qui n’auraient pas été comblées durant le week-end. Les feedbacks sont globalement très bons ! Il nous est même réclamé un troisième jour de formation, ce qui est plutôt bon signe ! Mais même un mois de formation ne saurait remplacer la réalité du terrain. C’est primordial de pouvoir acquérir de l’expérience en condition réelle.
La complémentarité de votre binôme semble être une des clés de votre réussite...
L.B. : Travailler en binôme est un vrai plus pour faire vivre cette formation. Franck est à l’aise pour animer le contenu de formation dans les moindres détails. Quant à moi, j’apporte toute mon expérience pour illustrer les éléments de ce contenu. Depuis le temps, nous avons trouvé nos marques et c’est toujours un réel plaisir de passer ces week-ends de formation ensemble.
Par ailleurs, nous mettons en avant le lien qui nous unit dans cette formation comme une « passerelle » entre deux générations, qui peuvent parfois être en conflit dans le paysage pugilistique Français. Il nous tient à cœur de montrer que le travail des générations passées a permis de construire le présent, et que ces deux générations peuvent collaborer sans soucis. Nous en sommes la preuve.
F.R. : Effectivement notre association est complémentaire, pendant, mais aussi en dehors de la formation. Nous affectionnons des tâches différentes, cela nous permet d’être réactifs dans notre travail. Nous échangeons aussi énormément et nous n’hésitons pas à nous dire les choses, même si nous ne sommes pas toujours d’accord. Nous ne sommes pas de la même génération, et c’est tout à fait normal que nous n’ayons pas toujours les mêmes avis sur certains sujets. Le principal étant que nous parvenons toujours à trouver le meilleur compromis pour la formation. Être professionnel, c’est aussi ça : savoir se dire les choses en tout honnêteté, en faisant passer l’intérêt commun avant les opinions personnelles.

Des contenus numériques en cours de préparation
La covid a-t-elle impacté votre année ?
L.B. : Non, nous avons réussi à boucler toutes les sessions initialement prévues en 2020 qui ont été reportées sur 2021, et mettre en place de nouvelles sessions. Aujourd’hui nous sommes à jour sur notre planning de sessions, et de nombreuses dates restent encore à venir.
Quel est le bilan pour la FCN 2021 ?
L.B. : Nous avons organisé sept sessions en 2021 dans 5 régions différentes, pour un peu plus de 120 personnes formées.. En moyenne, 70% des participants était des personnes issues de la boxe anglaise, 23% des sports pieds-poings et 7% provenaient exclusivement du MMA.
F.R. : Ces statistiques sont à prendre avec du recul, car en pratique, beaucoup de cutmen/cutwomen travaillent dans plusieurs disciplines. Mais elles montrent que la reconnaissance du diplôme par la FFBoxe impacte positivement la boxe anglaise en France.
Avez-vous établi un calendrier pour 2022 ?
L.B. : Nous travaillons sur la mise en place de plusieurs sessions pour la saison sportive 2022. Une date est en préparation dans l’Est de la France, une région que nous n’avons pas encore visité, une autre est prévue en Ile-de-France en juin prochain. Le comité PACA souhaite également mettre en place une seconde session au printemps, et le comité Pays-de-Loire nous a sollicités pour une grande première dans leur région.
F.R. : Nous restons également ouverts pour revenir animer des sessions de formation dans les comités/régions avec lesquels nous avons déjà collaboré.
Des moments consacrés à des entités de renommée sont également en cours de programmation. Nous avons hâte de communiquer sur ces nouveautés, cela viendra dès que tout sera mis en place.
Avez-vous des objectifs pour cette année ?
L.B. : Les objectifs de cette année sont multiples. Tout d’abord, celui de répondre présent auprès de tous les Comité régionaux et/ou clubs qui souhaiteraient organiser une session en remplissant le cahier des charges. Nous aimerions atteindre 20 sessions d’ici la fin d’année 2022.
Quelles évolutions pensez-vous devoir ou pouvoir apporter ?
F.R. : Nous fourmillons d’idées pour faire évoluer la formation ! La crise du covid a démocratisé le travail en distanciel et l’utilisation des outils informatiques. Des contenus numériques sont donc en cours de préparation pour être proposés aux participants en guise de support post-formation. Nous comptons proposer une expérience numérique plus avancée aux participants.
L.B. : Par ailleurs, d’autres projets sont dans les cartons pour continuer d’animer la communauté des cutmen en France. L’idée étant toujours de rassembler pour créer le plus d’engouement possible sur ce métier qui souffre encore de notoriété en France.

D’autres publics que les combattants sont-ils susceptibles d’être intéressés ?
L.B. : La convention nous liant avec la FFBoxe prévoit la formation des cadres techniques nationaux et régionaux. Leurs emplois du temps et leurs localisations étant très variés, nous réfléchissions à un format de session plus adapté à leurs disponibilités.
Il y a également une volonté fédérale d’harmoniser l’ensemble des interactions entre les différents acteurs du monde de la boxe professionnelle.
F.R. : Nous travaillons donc avec la Commission Nationale des Officiels à l’établissement d’un « colloque » qui viserait à harmoniser l’interprétation du règlement (prochainement actualisé) concernant les bandages pros. D’autres sujets pourront être abordés comme l’établissement d’un « rules meeting » (réunion d’avant combat entre les officiels et les staffs) avant un Championnat de France. Tout ce qui pourrait nous rapprocher des standards pratiqués par les grandes fédérations internationales, afin d’être préparé du mieux possible lors de ces événements.
Une exportation à l’étranger de la formation est-elle envisageable ?
F.R. : Nous avons reçu plusieurs propositions pour organiser des sessions de formations hors de France, nous ferons notre maximum pour répondre au besoin des pays en question. C’est toujours très flatteur d’être sollicité hors de ses frontières, c’est une reconnaissance de notre savoir-faire et une récompense pour tout le travail accompli.