La consécration de Daniel Dos Santos

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A l’issue d’un duel franco-français plaisant et de bonne facture, le pugiliste de Pont-Sainte-Maxence (22 v, 1 d), qui évoluait à domicile, s’est paré, le 15 juin, de la couronne vacante EBU des mi-lourds. Pour cela, il a dominé, à l’unanimité des juges (119-109, 119-109, 117-111), le valeureux Thomas Faure (24 v, 1 n, 6 d).

Thomas Faure tardait à faire son apparition dans la salle, plongée dans le noir, en attendant que la sono diffuse le morceau de musique qu’il avait prévu. Un contretemps que les mélomanes étaient enclins à lui pardonner de bonne grâce puisqu’il s’agissait de l’Hymne à la joie de Beethoven, excusez du peu. Quant à Daniel Dos Santos, alias Le Général puisqu’ancien parachutiste, il arrivait paré d’un béret rouge et d’un… sabre.

Toujours est-il que c’est le visiteur qui entrait immédiatement dans le vif du sujet en enclenchant la marche avant et en étant à la fois le plus entreprenant et le plus actif. Mieux, il n’était pas pris par son élan, si bien qu’il déclenchait à bonne distance tout en donnant son jab à bon escient.

Placide, le Picard, connu pour ne pas être un habitué des entames pied au plancher, ne bronchait pas et jugeait l’obstacle sur pièce. Toutefois, dès la deuxième reprise, il sortait davantage de sa tanière avec un atout maître : une capacité évidente à lire les intentions et les trajectoires des coups délivrés par le Castelroussin, au point de s’offrir le luxe de les esquiver rien qu’avec le buste, les mains en bas. Spectacle garanti.

Mais l’essentiel était ailleurs : au fil des minutes, porté par ses supporters, le protégé de Giovanni Boggia tissait inexorablement sa toile. D’abord, parce qu’il faisait parler sa puissance supérieure, laquelle lui permettait d’être le plus impactant, quitte, parfois, à transpercer la garde de son rival. Les cinquième et sixième opus en étaient l’illustration. Ensuite, parce qu’il passait à sa guise la surmultipliée afin d’être celui qui terminait le mieux les actions et les rounds.

Fidèle à lui-même, toujours aussi courageux et empreint d’abnégation, Thomas Faure revenait inexorablement à la charge, en particulier avec son direct du bras avant, les poings bien hauts pour, dans le même temps, bloquer. Cependant, il se heurtait le plus souvent aux remises sèches et ciselées de l’Isarien, en séries des deux mains, à la face. A l’évidence, l’élève de Sofien Bahi, dont les intentions étaient pourtant louables, ne trouvait pas vraiment la solution ni, donc, l’ouverture en vue d’annihiler le faux rythme et les enchaînements, en contre, du local. « Fais lui mal un peu ! Allez ! », lui scandait d’ailleurs son coin. En vain.

Quand bien même creusait-il inexorablement l’écart, notamment avec sa droite qui touchait à satiété et de plein fouet au visage Thomas Faure, le sociétaire BCOP ne se précipitait pas et continuait à débiter avec précision sans se désunir. Il contraignait son contradicteur à être plus en plus sur le reculoir tout en encaissant stoïquement. N’étant en rien puncheur, ce dernier savait alors qu’il ne pouvait plus renverser la vapeur. La messe était dite.

Photo : Denis Boulanger

Vainqueur sans discussion, le Maxipontain était submergé par l’émotion, lui qui a connu, il y a quelques temps, un drame familial avec la perte de son frère. A chaud, ses mots sur le ring, si simples et si authentiques, étaient emplis de dignité et d’humanisme, sans pathos : « Il y avait un réel enjeu. C’était un combat complet. La victoire est belle. Je voulais vraiment gagner ce titre avec la manière. Nous avons fait une longue route ensemble. Nous sommes passés par plein d’épreuves difficiles. Les sentiments sont forts. Je veux remercier mon club qui m’a fait confiance, la Ville, tous ces gens dans l’ombre, ma famille, mes amis. Ce titre est pour nous tous. C’est un succès remporté ensemble et pas que par moi, bien que ce soir, je sois sous la lumière. Moi, je ne suis rien. Dans pas longtemps, ce sera au tour de d’autres. Il faut penser à ceux qui sont autour et qui, eux, sont toujours là. Je vais prendre tout ce qu’il y a à prendre. Tant que je m’amuse et que j’éprouve du plaisir à venir à la salle et à m’entraîner en faisant des séances de fou… Le jour où ce ne sera plus le cas et où mon corps ne voudra plus, j’arrêterai. Mais, pour l’instant, ce n’est pas le moment. »

Quant au pugiliste du BCC Labo Fenioux, il reconnaissait sa défaite, lui aussi avec sobriété et sportivité : « Cette ceinture me tenait à cœur car c’est la seule qu’il me manque. Félicitations à Daniel. J’ai manqué un peu de rythme sur ses accélérations afin, derrière, de reprendre l’initiative en contre-attaque. Je ne suis pas déçu de ce que j’ai fait car j’ai été vaillant jusqu’au bout en ayant été prévenu quinze jours avant l’échéance. Je suis quand même content de ma prestation. Cela me servira pour la suite. »

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