Dans la grande et belle histoire de la boxe française, Jean Bretonnel a été un grand, un très grand manager. Un homme qui certes empochait toujours les 30% de la bourse de son boxeur lors d'un combat mais a pourtant toujours défendu les intérêts de ses boxeurs. C'est lui en personne qui traitait les contrats de ses boxeurs et plus ils étaient importants, plus les 30% étaient à la hauteur et le gagnant, restait toujours le boxeur. Celui-ci n'avait pas le sentiment d'avoir été floué. Avant d'aborder prochainement les rapports qui ont existé entre M. Jean et Amiens, aujourd'hui, nous évoquerons un aspect de son personnage. Celui de ses contacts au quotidien avec ses boxeurs. Jean Bretonnel a dès le début de sa carrière, pris l'habitude de vouvoyer tous ses boxeurs. Au début, cela ne surprenait pas mais au fil des années, la surprise était réelle.
M.Jean est resté fidèle jusqu'au bout à ce principe qui peut paraître démodé, surtout aujourd'hui où le tutoiement est de rigueur. Toutefois, un seul boxeur a échappé au vouvoiement : Robert Villemain dont nous avons, récemment, rappelé qu'il fut l'un des plus grands poids moyens français de l'après-guerre puisqu'il avait battu sans discussion Jack La Motta et expédié au tapis le géant Ray Sugar Robinson. Robert Villemain fut du reste le premier boxeur à offrir un titre européen à son manager en 1947 tandis que Saïd Skouma fut le septième et dernier en 1984. Jean Bretonnel a donc régné durant plus d'un demi-siècle puisque dès 1939, il état désigné Meilleur Manager français de l'année par le journal l'AUTO.. Mort en 1984, Robert Villemain était entré très tôt dans la salle de Jean Bretonnel amené par son père, un peu avant la fin de la guerre. Jean Bretonnel venait d'être libéré et immédiatement, il tutoya le jeune Villemain, tout juste âgé de quinze ans. Ce fut la seule exception dans toute la carrière de Jean Bretonnel dont nous nous souvenons également qu'il avait l'habitude d'écrire à l'ancien professeur de la salle de boxe d'Amiens Louis Bixel, en le vouvoyant également alors que les deux hommes se trouvaient au soir de leur vie.
Par Lionel Herbet