Daniel Blenda Dos Santos comme un grand

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Le 1er avril, à Chemnitz, outre-Rhin, le Français (21 v, 1 d) a livré une copie de très belle facture pour s’emparer du titre de l’Union européenne vacant des mi-lourds en battant aux points (117-111, 117-111, 114-114) l’Allemand Tom Dzemski (20 v, 2 d).

Daniel Blenda Dos Santos faisait son entrée en tenue militaire affublé d’un gilet pare-balle, d’un béret rouge et d’un sabre dans le dos. Le temps d’entonner la Marseillaise avec conviction et les hostilités démarraient de la meilleure des façons pour lui. Les mains bien hautes, il bloquait sans difficulté les initiatives de son contradicteur, de surcroît peu inspiré à force de ne boxer qu’en ligne sur un ou deux coups, sans jamais imprimer de variations de rythme ni miser, au préalable, sur un travail de feinte, histoire de créer à son profit de l’incertitude.

Sachant donc systématiquement à quoi s’attendre, l’Amiénois remisait posément mais de manière tranchante avec son bras avant qui jaillissait à bon escient entre les gants de son opposant avant d’enchaîner en crochets aux flancs ou à la face puis de désaxer pour ne pas s’exposer aux contre-attaques du local. Le visiteur était en outre plus rapide gestuellement, ce qui lui permettait de combiner des deux mains et de prendre ensuite la poudre d’escampette avant que son adversaire n’ait le temps de réagir. D’ailleurs, lorsque ce dernier répliquait, il n’était pas rare qu’il trouve le vide ou que ses tentatives arrivent en bout de course après s’être jeté.

« Maintenant, d’homme à homme ! »

Les débats ne s’enchaînaient pas à une intensité haletante mais ils étaient totalement maîtrisés par le Picard dont le cross du gauche au visage ou au foie faisait merveille tout autant que sa droite en piston qu’il enquillait savamment dans la foulée. Ce qui incitait son coach, Giovanni Boggia, à lui demander, à la fin du troisième round, de lâcher les chevaux : « Maintenant, d’homme à homme ! Durcis le match en étant bien fermé ! On verra qui est le plus fort. » Le nez sanguinolent du Teuton offrait un début de réponse. 

Dans la seconde moitié du duel, le Tricolore accélérait mais sans jamais se désunir. Ses frappes sèches, toujours dans le temps, faisaient mouche. Mine de rien, il faisait montre d’une appréciable diversité technique dans ses enchaînements, ne lésinant ni sur les uppercuts ni sur les jabs tout en alternant opportunément linéarité et circularité. Mieux, il gérait parfaitement l’espace du ring aussi bien quand il fallait effectuer un pas de retrait pour se mettre hors de portée de son terne rival que lorsqu’il enclenchait la marche avant, toujours intelligemment, sans se ruer ni courir après Tom Dzemski mais en lui coupant la route pour déclencher dans le tempo le plus opportun. Même s’il travaillait souvent au corps, Daniel Blenda Dos Santos ne tombait jamais dans le piège du mano a mano de près, brouillon et stérile, à l’issue inévitablement indécise.

En anglais, avec aisance, au micro du speaker

Le Germain, lui, s’enferrait dans une prestation monotone au cours de laquelle, faute de solution, il se contentait de réagir et donc de subir, reculant sous l’impact des assauts du Maxipontain. Son manque de vitesse d’exécution et son incapacité à faire preuve de la moindre créativité n’arrangeaient rien.

La suite et la fin du duel s’apparentaient à un cavalier seul du Tricolore qui tantôt gérait, tantôt portait l’estocade avec la lucidité et la maîtrise d’un vieux briscard qu’il est en passe de devenir. Les juges ne pouvaient faire autrement que de lui octroyer une victoire amplement méritée sous les applaudissement du vaincu dont la pommette droite portaient les stigmates de la domination nette et sans bavure du Picard. Qui, plein de panache, remontait le moral de sa victime et lui rendait hommage, en anglais, au micro du speaker. Et d’expliquer, avec une aisance déconcertante, que c’était son mental qui avait fait la différence avant de raconter que tout petit, il était venu en Allemagne se rendre chez son oncle, lequel était pugiliste et habitait Cologne. Son second séjour outre-Rhin est une belle manière de boucler la boule.

photo ©Facebook Daniel Blenda Dos Santos
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