Sous les yeux du public des Mureaux, le Français (20 v, 2 d) a dû s’employer pour battre, aux points (118-110, 116-111, 118-110), le surprenant et vaillant Mexicain Juan Jose Rodriguez Duran (20 v, 1 d) alors que la ceinture vacante WBC silver des moyens était en jeu.
Le visiteur tentait crânement sa chance dès le départ, en donnant son bras avant à satiété tout en tournant. Puis, il s’engaillardissait en s’efforçant d’enchaîner. Des intentions louables mais approximatives tant l’ensemble semblait désordonné et manquait cruellement à la fois de fluidité et d’impact en dépit d’un volume certain. Concentré mais moins actif, le Nanterrien ne bronchait pas et bloquait, le temps de prendre la mesure de son rival et d’en identifier les failles.
De fait, à partir de la troisième reprise, ses jabs et ses uppercuts se faisaient chirurgicaux, en particulier en contre, tout comme ses crochets en remise et, parfois même, en reculant. Ses esquives et retraits du buste complétaient le reste et lui permettaient de prendre progressivement la mesure du Latino qui ne baissait pas de rythme mais n’en changeait pas suffisamment. En outre, il ne variait pas assez ses coups pour déstabiliser le Tricolore.
« On a fait une grosse guerre pendant douze rounds »
Ce dernier, conscient que son contradicteur débitait davantage, durcissait les débats à l’approche de la mi-combat. C’est lui qui délivrait les touches les plus nettes, aussi bien quand il se décidait à attaquer le premier que lorsqu’il continuait à répliquer plutôt que de prendre l’initiative. Le tout en veillant à varier les cibles, notamment à ne pas négliger le travail au corps. Sa précision technique supérieure et son académisme étaient, en quelque sorte, mis en lumière par le style dégingandé et désuni de son opposant qui, comme prévu, s’émoussait physiquement au fil des minutes. En attestaient une plus grande propension à se jeter doublée d’un nombre accru de frappes dans… le vide.
Un scénario qui perdurait et faisait l’affaire de l’Alto-Séquanais. Lequel, doté d’un cardio irréprochable et d’une puissance appréciable, faisait mal au Mexicain, victime de ses largesses défensives quand bien continuait-il de mettre du cœur à l’ouvrage. Cependant, même si Juan Jose Rodriguez Duran se montrait entreprenant et… solide encaisseur jusqu’à la fin, c’est bien Bilel Jkitou qui se détachait irrémédiablement sur les bulletins des juges pour l’emporter sans discussion, à l’issue d’une ultime reprise aux allures d’apothéose.
Pour autant, le vainqueur avait pertinemment conscience qu’il n’avait pas eu la tâche aisée. « On a fait une grosse guerre pendant douze rounds, souriait-il, au micro, encore sur le ring. Honnêtement, je pensais qu’il n’allait pas tenir. Je savais qu’il était dur mais j’étais convaincu que j’allais l’emporter avant. J’ai mis du temps à trouver la solution. » L’essentiel est sauf.