Thomas Faure héroïque… en vain

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Malgré tout son panache, le Français (21 v, 1 n, 5 d) n’a rien pu faire devant la puissance de Dan Azeez (19 v). Le 11 mars, au Zénith de Paris, l’Anglais s’est emparé de la ceinture continentale vacante des mi-lourds en l’emportant par arrêt de l’arbitre (12e). Cruel, forcément.

Conscient qu’il était plutôt l’outsider sur le papier, le Haut-Viennois démarrait en tentant de résoudre une périlleuse équation : ne pas subir sans pour autant s’exposer au punch réputé de son rival dont le buste sculptural augurait de la force physique. A côté, le Tricolore donnait l’impression d’être frêle et d’en découdre dans la catégorie inférieure. Il n’empêche, il s’en tenait remarquablement à son plan de bataille, usant de son bras avant et de son uppercut en veillant à ne pas accepter la bagarre de près et à bien monter la garde. De son côté, le Britannique avançait mais jamais franchement et en suivant le Castelroussin au lieu de lui couper la route. Le local, lui, tournait sans se laisser coincer dans les cordes et s’efforçait de boxer en bonne et due forme le visiteur. Ce qu’il parvenait somme toute assez bien à faire, s’offrant même le luxe de passer quelques cross du droit d’excellente facture.

Néanmoins, au fil des minutes, il avait tendance à beaucoup reculer et à un peu moins remiser, si bien que c’était Dan Azeez qui se montrait le plus actif et surtout le plus impactant. Un déficit de puissance criant au préjudice du Français, formidable de vaillance et de courage, le visage baigné de sang dès le quatrième opus pour cause d’hémorragie nasale. Les coups de boutoir du sujet de Sa Gracieuse Majesté, loin d’être aussi mirobolant qu’annoncé, commençaient à sérieusement saper le sociétaire du BCC Labo Fenioux, lequel levait moins les mains, en particulier la gauche, et encaissait de lourdes droites qui l’envoyaient sur les talons dans un sixième round sublime d’intensité et de bravoure. Alors qu’il était au bord de la rupture, l’instinct de survie autant que la dignité le faisaient répliquer avec une ardeur qui calmait celles de son opposant, moins enclin à faire le fier.

Une débauche d’énergie qui le portait haut dans l’estime des spectateurs

Les minutes passaient et Thomas Faure puisait dans le tréfonds de ce qui fait de lui un pugiliste admirable. Certes, il était toujours coupable de largesses défensives et prenait parfois le temps de marcher, histoire de retrouver un précieux second souffle et même un troisième. Dans des sursauts d’orgueil qui embarquaient le public avec lui, il martelait en séries les flancs de son contradicteur et remontait à la face. Mais il ne lui faisait, à l’évidence, pas assez mal. Sa débauche d’énergie le portait haut dans l’estime des spectateurs, au demeurant de manière on ne peut plus méritée. Sa résistance épatante autant que sa propension à remettre cent fois l’ouvrage sur le métier pour se forger un destin européen crédibilisaient davantage encore, aux yeux de ceux qui en doutaient, la légitimité de son statut de cochallenger.

Bien sûr, la morale de l’histoire eut voulu que l’un et l’autre y trouvent leur compte. En l’occurrence, que le Londonien, en avance au pointage et de plus en plus pressant au fil des reprises, décroche la timbale sans qu’il n’y ait grand-chose redire et que le Frenchy aille jusqu’à la limite. Hélas, un foudroyant bras arrière à une grosse poignée de secondes du coup gong final faisait tituber ce dernier et l’arbitre, dans un louable souci de préservation de l’intégrité physique d’un athlète déjà durement marqué au visage, l’arrêtait illico en dépit des véhémentes protestations de son coin. Qu’importe, in fine, tant Thomas Faure avait accompli l’essentiel : conquérir les cœurs et le respect.

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