Toujours aussi dur et compact, Nino One (13 v) a remporté, le 16 décembre, à La Seine musicale, un probant succès aux dépens du Philippin Mark Anthony Geraldo (34 v, 3 n, 8 d) battu par KO (7e). Il a ainsi conservé sa ceinture WBC silver des coqs et peut désormais viser plus haut.

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Il fallait à peine quelques dizaines de secondes pour que la machine infernale tricolore soit lancée. S’efforçant de donner un impact maximal à ses coups, le Francilien initiait un travail de sape dont il est coutumier. Mais il en fallait plus pour impressionner un Philippin qui en avait vu d’autres entre douze cordes. Surtout qu’en travaillant quasi-systématiquement en puissance, Nordine Oubaali donnait l’impression d’être un peu crispé et moins rapide qu’à son habitude. Certes, il passait des séries mais sans la fluidité et la vitesse qui sont le plus souvent les siennes. Si bien que même s’il subissait sans discussion, le visiteur avait le temps de parer au plus pressé et de tourner pour reprendre ses esprits et son souffle. En outre, le Tricolore donnait certes son bras avant et même le dédoublait mais enchaînait insuffisamment pour véritablement malmener son rival. Il n’empêche, les débats tournaient d’autant plus à son avantage que le sieur Geraldo ne remisait presque jamais où alors très sporadiquement, presque pour la forme oserait-on écrire.


Au fil des minutes, la situation ne se décantait guère et les débats se déroulaient sur un faux rythme qui voyait même le fausse garde du Top Rank de Bagnoletais faire preuve d’un peu moins d’ardeur et parfois partir à l’abordage de trop loin au risque de frapper dans le vide ou de ne toucher qu’en bout de course. De son côté, le challenger excellait dans les esquives rotatives au point qu’il arrivait que le tenant peinât à le cadrer.
La maturité d’un vieux briscard
Toutefois, c’est bien ce dernier qui était de bout en bout le plus actif en ayant la bonne idée de varier au maximum les zones de frappe, visant le corps pour contraindre son contradicteur à baisser la garde. Mieux, quand il se décidait à accélérer, il le débordait avec maestria. Hélas, pareil scénario se produisait avec parcimonie, ce qui réduisit le public de la Seine musicale à une relative apathie. En clair, l’ancien champion de France gérait son avance avec la maturité d’un vieux briscard et un sérieux sans faille, lui qui avait, dès l’entame, déjà creusé l’écart sur les bulletins des juges (40-36 pour chacun d’eux à la fin du quatrième round). On pensait alors benoitement que le duel avait de fortes chances d’aller à son terme.


Et puis, soudain, surgit l’éclair, plus exactement la foudre, et le Francilien fit mentir le pronostic. Un uppercut du bras arrière cueillit le menton d’El Heneral Geraldo qui alla au tapis, tenta de se relever et s’effondra lourdement, mettant de très longues minutes à se relever, au point que les secours s’apprêtèrent à monter sur le ring avec une civière. Heureusement, le vaincu finit par retrouver ses esprits.


« Geraldo est un boxeur qui frappe, qui a un bon bras avant mais qui a tendance à baisser la tête, expliqua Nordine Oubaali sur le ring. J’ai eu un peu de mal à rentrer dans le combat car il ne fallait pas que je subisse dans son faux rythme. Ensuite, à partir du troisième round, on a commencé à voir de bonnes intentions de ma part car j’ai trouvé de bonnes sensations. Si bien que lorsque j’ai commencé à accélérer, lui avait des difficultés à récupérer. Le coup fatal qui l’a mis KO avait été travaillé à l’entraînement. Il est venu tellement naturellement qu’il l’a surpris. » Il est fort probable que d’autres en fassent, eux aussi, les frais à l’avenir. Peut-être lors d’un championnat du monde, qui sait ?
Par Alexandre Terrini
Mise en ligne par Olivier Monserrat-Robert
Crédit images - KDLP/Ringstar