ITW de K. Lele Sadjo

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En battant, par jet de l’éponge (4e), Shamil Ismaïlov (16 v, 4 d), le tenant de la ceinture des super-moyens, le Francilien (5 v) a réalisé un exploit, le 20 janvier, sur le ring de Levallois. En effet, cela faisait depuis le début du siècle… dernier qu’un boxeur n’était pas devenu champion de France professionnel à son cinquième combat.
 
 
« Avez-vous le sentiment d’être entré dans l’Histoire de la boxe ?
 
- Franchement, non. Sans prétention, je ne réalise pas. Cela ne me fait ni chaud ni froid. Je ne sais pas pourquoi. J’éprouve plutôt un sentiment de soulagement. Vis-à-vis de tous les gens qui m’ont aidé à préparer ce combat, en particulier mon promoteur, Malamine Koné, mes entraîneurs et mon associé dans mon restaurant, lesquels m’ont donné tous les moyens de bien préparer ce combat. Pour les remercier, il fallait à tout prix que je ramène cette ceinture.
 
- Et ce, au bout de votre quatrième année de boxe alors que vous êtes toujours champion de France amateur en titre…
 
- Oui. Je suis à la fois très satisfait et surpris d’avoir réussi tout cela en si peu de temps. C’est grâce au travail et à ma détermination. Je ne suis pas bourré de talent. En revanche, je suis quelqu’un de très persévérant. Quand je m’engage dans quelque chose, je le fais à fond. Lorsque je prépare un combat, il faut que je sois à 300 %.
 
- Pourquoi êtes-vous passé pro alors que vous étiez champion de France amateur ?
 
- La première raison est que je n’aime pas la rivalité. Or, en équipe de France, nous étions trois mi-lourds - Mamadou Bakary Diabira, Leonardo Mosquea et moi -  en concurrence. Ce sont des gars que j’apprécie énormément et avec lesquels je m’entends super bien. Moi, je n’étais pas trop dans un esprit de compétition pour être le numéro un. Je n’aime pas quand il faut écraser les autres. La deuxième raison est que j’étais en train de monter mon restaurant, le Wok Eat, à Créteil, et l’équipe de France me prenait énormément de temps. Il aurait été très difficile pour moi de concilier les deux.
 
 
- A l’origine, vous étiez un footballeur prometteur…
 
- Oui. J’ai joué à Créteil au niveau national. J’avais un ami qui faisait de la boxe et il nous arrivait de travailler ensemble. Il a vu que j’étais très physique et que je ne me débrouillais pas mal. Si bien que lorsque j’ai dû arrêter le foot à cause d’une blessure à la cheville, il m’a conseillé de faire de la boxe. J’ai essayé, cela m’a plu et depuis, je n’ai plus arrêté. Ce qui m’a séduit, c’est la discipline, la rigueur et le fait que nous nous respectons tous. Et puis c’est un sport autonome, si je puis dire, car quand on est sur le ring, on est tout seul et obligé de ne penser qu’à soi.
 
« Mon prochain objectif être champion de France en mi-lourds »
 
- Au début, avez-vous eu peur ?
 
- Je me souviens que lors de mon premier combat, lors d’un gala à Saint-Maur, je ne voulais pas monter sur le ring. Je pleurais dans le vestiaire et mes entraîneurs se moquaient de moi. J’étais tellement crispé que j’ai gagné en une minute. Aujourd’hui encore, j’ai toujours peur et c’est aussi ce qui fait la force d’un boxeur dans la mesure où ce sentiment lui permet de se surpasser et de faire attention pour éviter les coups.
 
- Sur un ring, tout le monde sait comment vous allez boxer, en avançant et en exerçant un pressing constant. Or, personne ne trouve la parade…
 
- C’est souvent très facile de dire que l’on va boxer de telle ou telle manière mais sur le ring, c’est autre chose. J’ai connu plein de boxeurs qui, en amateurs, se sont préparés pour me boxer à distance. Ils y sont parvenus durant les trois ou quatre première minutes mais lorsque j’intensifiais vraiment la pression et le rythme des échanges, ils n’avaient plus les jambes pour suivre.
 
 
- En revanche, le fait que vous soyez un peu petit pour la catégorie est-il un facteur limitant qui vous contraint à ne pouvoir adopter qu’un style de boxe pour systématiquement casser la distance ?
 
- Oui mais, en même temps, c’est un avantage car cela me permet de travailler au corps et de mettre tout le temps la pression, ce qui correspond à ma boxe, à ce que j’aime et à mes qualités physiques. Même face à des plus petits que moi, j’avance. Ceci étant, depuis un petit moment, je travaille pour être aussi capable de reculer et avoir d’autres moyens à ma disposition pour m’en sortir.
 
- Votre challenger officiel est Louis Toutin. Accepteriez-vous de l’affronter dans le cadre d’un duel que tout le monde attend ?
 
- Moi, je n’ai peur de personne. Louis Toutin est quelqu’un que j’apprécie énormément. Si les promoteurs se mettent d’accord, je le ferai avec grand plaisir. Cela ferait un super beau combat. Je n’ai rien à perdre et je ne suis que de passage dans la boxe. Si je peux faire de grands combats et laisser une trace, ce serait très bien. Pour le reste, je me sens aussi bien en super-moyens qu’en mi-lourds. Je suis parti pour faire les deux et mon prochain objectif est d’être champion de France en mi-lourds ».
 
1 30 avenue du maréchal Lyautey, 94000 Créteil.
 
Propos recueillis par Alexandre Terrini
 
Mise en ligne par Olivier Monserrat-Robert
 
Crédits photos : Presse Sports

 

 

 

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