Des Messieurs de bonne tenue

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Les finales des Championnats de France seniors masculins, qui se sont déroulées, le 11 décembre, à Pontoise, ont, dans l’ensemble, été de bonne facture et ont concrétisé une très nette amélioration qualitative au fil des tours de la compétition. Ce qui, en cette période de Covid-19, est fort appréciable.

L’ordre de passage a octroyé à Ibrahim Boukedim (-52 kg) l’honneur de donner le tempo de la soirée. Le sociétaire du BC Héninois a, en effet, livré une copie à l’aune de sa boxe : diversifiée, entreprenante et enthousiaste. Bref, à l’image du médaillé européen qu’il fut chez les jeunes. Face à lui, l’inexpérimenté Enzo Borrel (ABC Carcassonne) a été digne de l’événement, ce qui augure des lendemains fastes.

En -56 kg, Romain Goreni (US Fontenaysienne) a également été brillant. Alors qu’il ne s’agit que de sa première année en seniors, son style et sa gestion du combat attestent d’une maturité qui incite à l’optimisme autant que sa propension à être sans cesse en activité, sans jamais tomber dans la monotonie.

En -60 kg, Alexis Germane (CBA de Sainte-Marie) a fait honneur à l’école pugilistique réunionnaise dont il est un pur produit. A la fois percutant et rapide de bras, il a accepté le bras de fer de cogneurs que lui a imposé le Troyen Karim Bathily Abdou, hélas disqualifié après avoir écopé de trois avertissements pour accrochages.

La passe de cinq pour Djamili Aboudou Moindze

On serait tenté d’affirmer qu’Hugo Grau (Boxe 85) avait fait le plus dur, en -69 kg, en éliminant, en demi-finale, le Normand Enzo Marguerite. Il s’est paré de sa première ceinture chez les seniors en dominant sans discussion le courageux Val-de-Marnais Tahar Belkhir (VGA Saint-Maur) qui a imposé un pressing constant mais bien trop prévisible pour être efficace. Le Vendéen a su faire avec maestria ce qu’il fallait, en l’occurrence, esquiver avec des pas de côté, multiplier les uppercuts et contrer dans le temps.

Tout comme son compère de l’équipe de France, Lounès Hamraoui (-64 kg), quelque peu malmené d’entrée par le rugueux Tahitien de Nantes, Tautuatemaeva Dauphin. Puis le Normand, à l’évidence entravé dans ses intentions par ses coupures à l’œil et derrière l’oreille, a su être davantage mobile et précis pour faire parler sa vista et désaxer prestement en sortie d’action afin de ne pas se laisser embringuer dans un rapport de forces de près.

Autre Bleu qui avait affaire à une position corsée, Moreno Fendero (-75 kg) s’en est sorti avec la manière et les honneurs devant Thierry Ngounda (B’O Boxing Yoka Achères) qui n’a pas lâché le morceau et tenté crânement sa chance, même après avoir été compté dans la reprise initiale. Simplement, le Chartrain, plus puissant mais aussi plus complet, a été plus impactant en combinant davantage et en délivrant des uppercuts du bras avant de toute beauté.

En super-lourds (+91 kg), Djamili Aboudou Moindze (Couderkerque Ring) a réalisé la passe de cinq en demeurant fidèle à lui-même : incisif, virevoltant sur les jambes, souple du buste et doté d’une vitesse d’exécution rare pour la catégorie. Il a toutefois été envoyé sur son séant, après avoir encaissé une droite en ligne de son jeune contradicteur, le Massicois Maxime Vaz qui a fait plus que très bonne impression alors qu’il ne compte même pas dix sorties chez les seniors ! Magnifique athlète, intelligent dans le carré magique et pourvu d’un bagage déjà fourni dont il use avec à-propos, il fait plus que son jeune âge, ce qui, en pareil cas, est un compliment.

L’adage est connu : l’enjeu tue le jeu. Les deux Roubaisien, Seydi Coupé (BC Roubais) et Soheb Bouhafia (ABC Roubaisien), qui se tirent la bourre pour s’accaparer le leadership des -91 kg, l’ont éprouvé à leurs dépens, à l’issue d’une confrontation extrêmement hachée, qui s’est déroulée pour l’essentiel à mi-distance et qui a été émaillée de nombreux accrochages. Elle a vu Seydi Coupé l’emporter au grand dam de son rival, forcément extrêmement marqué par cette défaite qu’il pense ne pas mériter.

La relève a répondu présent

Enfin, le succès peut-être la plus marquant émotionnellement et symboliquement a sûrement été celui, en -81 kg, de Cheikmar Koné (Académie de boxe Alain Marion), fils de Malamine Koné, au détriment d’Axel Yoka (B’O Boxing Yoka Achères), frère de Tony. Parce que ceux deux-là doivent batailler sur et en-dehors du ring pour se faire un prénom. Parce que le vainqueur du jour, qui, après une entame en sa défaveur, a imposé son cardio, son débit de coups, sa constance et l’efficacité de ses actions, n’a eu de cesse de démontrer, par un louable travail dans l’ombre, que sa présence à stade n’est que le fruit de ses mérites et non d’appuis dont des esprits revêches l’affublent.

Dans le discours de la plupart des lauréats, même des plus jeunes, les Jeux de Paris 2024 étaient une récurrence qui témoigne de la dimension galvanisante de cette grandiose échéance. Gageons, nonobstant, que pour la nouvelle et prometteuse génération, ce sont davantage les JO de Los Angeles, en 2028, qui sont dans le collimateur. Mais abondance de biens ne nuit pas. Elle est d’autant plus souhaitable pour lutter contre la Coid-19 qui a sérieusement amenuisé les forces vives de la discipline. Et c’est peut-être là le satisfecit essentiel de cette édition des CFA : la relève a répondu présent et laissé entrevoir un potentiel avéré aux allures de pierre fondatrice d’un édifice : celui de la reconstruction.

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