Loïc Tajan, l’envol du coq

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Le 25 janvier, sur le ring du Palais des Sports d’Orléans, le sociétaire du Ring Mandorais (5 v, 1 d) a fait parler sa puissance pour s’imposer par arrêt de l’arbitre sur blessure (6e) aux dépens d’Anthony Chapat (5 v, 1 n, 3 d) qui a été plus que grand. Le voilà, avec panache, champion de France professionnel des coqs.

On savait que ce derby entre pugilistes du Loiret sentait la poudre et serait haut en couleur. Il l’a été et restera, sans nul doute, comme l’un des plus beaux championnats de France de l’année 2020. Maintes fois rebattue, l’antienne est connue : il faut être deux pour faire un grand combat. On confirme. Le premier round donna le ton : par deux fois, Anthony Chapat, touché au corps, alla au tapis et fut compté. Rebelote dans le troisième. On crut fort logiquement que la messe était dite et qu’il ne récupèrerait pas d’autant qu’il fut crucifié au foie et au plexus par le bras arrière surpuissant de son rival.

De fait, le fausse garde de Villemandeur récitait consciencieusement la partition qui était la sienne en cherchant à faire parler son punch dévastateur, rare à ce poids. Il le faisait à sa manière, avec une intelligence certaine. D’abord, en variant les zones de frappe, remontant à la face après avoir martelé l’abdomen adverse et inversement. Ensuite, en prenant soin de reprendre ses distances pour ne pas confondre vitesse et précipitation et mieux trouver la faille. Tout juste avait-il tendance à se jeter au moment de déclencher parce qu’il partait d’un peu trop loin mais rien de grave. Sauf qu’Anthony Chapat est d’une résistance et d’un courage d’un autre monde. Sans compter un bagage technique extrêmement complet. Un acquis fort compréhensible quand on a été membre de l’équipe de France amateur.

Futur en pointillés et infini des possibles

Un incident allait pourtant modifier la donne de la confrontation : suite à un choc de têtes dans la deuxième reprise, involontaire faut-il le préciser, Loïc Tajan fut ouvert à l’arcade sourcilière gauche. Bien qu’ayant l’œil droit sérieusement tuméfié, son contradicteur, quant à lui, repartait gaillardement au front. Il prenait le dessus par intermittence en travaillant sous tous les angles et en alternant le modus operandi, les crochets courts au visage laissant la place à des uppercuts « dans la cheminée » que son vis-à-vis encaissait de plein fouet, ne les voyant pas toujours arriver, notamment à cause du sang qui coulait. Le débit du Montargois était parfois impressionnant et prenait totalement de vitesse l’autre local de l’étape. Hélas, il pâtissait de son manque de puissance. Rien d’anormal à cela dans la mesure où il demeure un mouche.

L’intensité des débats autant que la dépense physique des deux protagonistes, qui jamais ne cherchaient à calculer, faisaient lever la foule. Seulement voilà, la blessure de Loïc Tajan s’aggravait de minute en minute. Au point d’inciter l’arbitre à solliciter l’avis du médecin, lequel recommanda la cessation des hostilités. On procéda alors au pointage et Loïc Tajan, logiquement en avance (58-53, 58-53, 57-53) sur les bulletins des juges, fut proclamé vainqueur. Anthony Chapat, qui avoua ensuite toujours souffrir d’une lésion aux côtes contractée lors d’une mise de gants durant sa préparation, pensait, de son côté, qu’il aurait pu, voire dû être déclaré gagnant, précisément par arrêt sur blessure de son opposant.

Pour le jeune père qu’il est, le futur s’inscrit désormais en pointillés : soit poursuivre l’aventure dans le carré magique mais dans la catégorie inférieure, soit raccrocher pour privilégier sa vie de famille. Pour le nouveau champion de France, au style si spectaculaire et passé de l’ombre à la lumière en l’espace de quelques mois, l’avenir revêt les atours de l’infini des possibles. Tout d’abord confirmer son sacre national puis, qui sait, à terme, regarder vers l’Europe. Il en a assurément les moyens au vu de la prestation qu’il a livrée au cours de ce qu’il estime être le plus dur combat de sa jeune carrière.

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