Guerfi, la grande classe

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Le 23 novembre, à Saint-Nazaire, l’Azuréen a été très grand pour détrôner, par arrêt de l’arbitre sur blessure, le champion d’Europe des coqs, Georges Ory (11 v, 1 n, 3 d) qui, en dépit de tout son courage et de sa résistance, n’a rien pu faire devant la maestria de son contradicteur.

La mode est aux duels franco-français et nul ne s’en plaindra. Celui mettant aux prises George Ory à Karim Guerfi s’annonçait indécis et palpitant, en somme prometteur. Les protagonistes ne s’étaient pas privé de s’échanger, en amont, quelques piques bien senties sur les réseaux sociaux. Le challenger s’estimait favori et disait ne pas voir ce que Tino avait comme atouts pour le gêner tandis que ce dernier laissait entendre que son rival du soir avait eu une belle carrière, en clair, que l’heure du glas avait sonné et que celle-ci touchait à sa fin. Des amabilités qui devaient se solder, entre deux bonhommes, dans la carré magique sous les yeux curieux d’Elie Konki. C’est que l’Yvelinois doit disputer le titre de l’Union européenne de la catégorie, le 13 décembre, à Levallois, devant l’invaincu Espagnol Sebastian Perez. Avec, en cas de succès, la perspective de défier le gagnant.

La formidable bravoure de Georges Ory

Le courage de Georges Ory face à la classe de Kamel Guerfi

Les premiers instants du combat étaient conformes aux promesses qu’il avait laissé augurer. Karim Guerfi avançait d’emblée et déployait sa boxe jaillissante, toujours aussi fluide et inspirée. Uppercuts, crochets aux flancs ou à la face, jabs : l’impact, la précision et la variété étaient de son côté. En face, Georges Ory était, bien sûr, d’une formidable bravoure et d’une extrême rigueur défensive, soignant ses remises, essentiellement avec son bras arrière. Néanmoins, doté d’une allonge supérieure, le Manosquin prenait l’ascendant grâce à sa vitesse d’exécution et à son agressivité. Déjà pas au mieux, l’Angevin était, dans la deuxième reprise, ouvert au-dessus du nez suite à un choc de têtes involontaire. Dans la troisième, il se décidait à ne plus reculer et à se positionner au centre du ring mais il peinait à travailler à bonne distance, si bien que ses coups étaient parfois trop larges et arrivaient en bout de course. Il faut dire que son opposant faisant montre de son art consommé de l’esquive et du pas de retrait quand il ne délivrait pas son direct du gauche en piston pour réfréner les ardeurs du pugiliste du Maine-et-Loire. Lequel ne lâchait cependant pas le morceau et s’évertuait à imposer l’épreuve de force en corps à corps et en combinant en force, de près.

Un championnat du monde devant Nordine Oubaali ravirait les foules

Les débats étaient d’une très appréciable intensité. Si Georges Ory était toujours aussi vaillant et touchait ponctuellement, Karim Guerfi était un cran au-dessus techniquement. Il creusait l’avantage tant par son impressionnant débit de coups que par la diversité de ses options tactiques, s’avérant aussi bien capable de bloquer pour répliquer que de prendre l’initiative et de surprendre par son imprévisibilité. Et puis il y avait ces satanées rotations de buste qui mettaient dans le vent l’opiniâtre Tino, lequel ne trouvait pas vraiment la solution quand bien même y mettait-il tout son cœur à l’ouvrage. Il était à l’évidence plus avantage quand il n’enclenchait pas la marche arrière pas et attaquait le premier, comme dans le huitième opus. Plus facile à dire qu’à faire d’autant que sa blessure au nez s’aggravait et que son œil gauche se fermait de plus en plus. De son côté, le Guépard se livrait à un récital en cadence et ne baissait pas de rythme contrairement à ce que l’on pouvait craindre de sa part. La pureté gestuelle du Sudiste était une merveille pour les yeux. Jusqu’à ce que l’arbitre, sur avis du médecin de ring, ne prenne la sage décision de stopper Georges Ory à l’appel du dixième round. Un épilogue qui ne se soldait pas par une réconciliation entre les rivaux. Dommage.

Kamel Guerfi, le niveau mondial assurément

Karim Guerfi n’en avait, in fine, que faire car c’est bel et bien lui qui venait de dérocher la timbale et de s’inventer un avenir à trente-deux printemps alors qu’il envisageait la retraite en cas d’échec. Pas besoin d’être grand clerc pour affirmer qu’un championnat du monde WBC, dans l’Hexagone, devant le tenant et non moins talentueux, Nordine Oubaali, ravirait les foules. Et nous-mêmes par la même occasion.

Photos : Jérôme Fouache

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