Amghar au bout de lui-même

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Le Français (23 v) s’est fait de sacrées frayeurs pour remporter le titre vacant de l’Union européenne des super-légers. Pour cela, il est venu à bout du dur Italien Massimiliano Ballisai (23 v, 8 d), vaincu à l’usure puisque contraint d’abandonner à l’appel de la neuvième reprise. Mais que ce fut dur !

D’entrée, le visiteur boxa à l’image de son nom de scène, El loco (Le fou). De fait, il était imprévisible tantôt faisant mine de temporiser, tantôt partant à l’abordage avec fougue avec pour seule arme vraiment dangereuse, sa droite, que le Tricolore encaissait d’ailleurs de plein fouet, notamment en sortie d’échange. En particulier parce qu’il tournait du mauvais côté au grand dam de son coin. Ce n’était pas la panoplie pugilistique - réduite - de son adversaire qui posait problème mais sa force de frappe et sa capacité à jaillir au moment où l’on ne s’y attendait pas forcément. D’autant que l’intéressé avait une furieuse envie de durcir les débats, ce qui n’était pas pour déplaire à Yazid Amghar, lequel acceptait sans rechigner de s’aventurer sur ce terrain. Qu’importe si ce n’était, jusque-là, guère dans ses habitudes, lui le styliste élégant.

Pour autant, il était bien meilleur et nettement plus complet techniquement que son contradicteur. De fait, il lui était demandé de ne pas se départir d’un certain académisme, de donner son bras avant, de ne pas se battre et, à tout le moins, de faire preuve d’une extrême prudence. Des conseils prémonitoires car dans le troisième round, il se fit toucher par cette satanée droite du Transalpin et fut compté. Comme il l’expliqua ensuite, la préparation très dure à laquelle il s’était astreint lui permit de récupérer. Il n’en demeurait pas moins qu’il était quelque peu fragilisé. Il faut dire que l’équation qu’il avait à résoudre n’était pas si simple : en l’occurrence, se montrer actif et incisif pour en faire suffisamment aux yeux des juges mais, dans le même temps, ne pas de déliter ni s’exposer inconsidérément.

Une prestation pleine de panache attestant des progrès accomplis

De manière inespérée, le quatrième opus était celui de la renaissance. Plus mobile et précis sur ses appuis, le Tricolore, décidément dans une condition physique à toute épreuve, avait à la fois davantage d’assise, était plus mobile pour désaxer et délivrait des coups plus ciblés à l’impact, en particulier sur ses crochets gauches en première intention. Il prenait, de surcroît, progressivement l’ascendant en terme de cardio. Ne restait, si l’on peut dire, qu’à gérer les contres de l’Azzurri, ce qu’il faisait de mieux en mieux mais pas systématiquement, quitte à donner quelques sueurs froides à sa team. Mais, au fil des minutes c’est bien le Balbynien qui prenait les commandes du match, à la fois en étant le plus entreprenant, parfois en délivrant des combinaisons simples, parfois en se limitant sciemment à un seul coup, sa gestuelle nette et limpide venant opportunément compenser un léger déficit de puissance. Surtout, il s’évertuait à ne pas commettre de pécher de gourmandise en sachant clore ses offensives quand il le fallait pour ensuite mieux repartir à la charge.

Puis, à la mi-combat, tout s’accélérait subitement. Dans la sixième, l’Italien était ouvert à l’arcade sourcilière gauche suite à une choc de tête involontaire. Dans la suivante, le Français était de nouveau crucifié sur une droite, titubait et faisait un demi-tour sur lui-même. On ne sait comment, il parvint à ne pas tomber et, mieux, à contre-attaquer pour pousser l’Italien, qui n’avait plus grand chose dans le moteur, dans ses ultimes retranchements au point de cracher son protège-dent. Néanmoins, on sentait le Piémontais capable, en désespoir de cause, de parvenir à ses fins : clore la rencontre sur un lucky punch en sa faveur. Heureusement, Yazid Amghar avait la lucidité de tourner suffisamment et de ne pas se jeter à corps perdu dans un bataille qu’il était en passe de s’adjuger. Si bien qu’à l’entame de la neuvième, El Loco fit montre de… sagesse et renonça à repartir à l’assaut. A l’issue d’une prestation pleine de panache, attestant des progrès accomplis et de la maturité acquise, le héros de la soirée pouvait exulter et envisager de continuer son ascension vers les sommets européens.

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